14 déc. 2011

Ayguatebia

Ayguatebia est un village perdu dans les hauteurs des Pyrénées catalanes.
Mon père y est né il y a 80 ans, ma famille paternelle était installée dans ce village depuis toujours, ou tout au moins depuis aussi loin que remontent les archives de la mairie du village. 
Archives dans lesquelles je me suis plongée avidement, essayant de retrouver mes "ancêtres" dans un village où beaucoup de famille portent le même nom, et où le "sobriquet" les différencie. Le sobriquet de notre famille, c'est "Poussot".
Pour les anciens je suis encore la fille de Georges "Poussot"!
Ce village ressemble à un nid d'aigle, à flanc de montagne, à près de 1 500m d'altitude.
Il fait partie d'un groupe de village similaires appelé "les garrotxes", et cela ce prononce à la catalane (le x est "ch").
Mon grand père était "le cantonnier des Garrotxes".
Ayguatebia-Talau, Railleu, Sansa, Caudies....
Encore que pour Caudies, on ne sait pas trop si c'est encore les Garrotxes ou déjà "le Conflent"....
J'ai passé à Ayguatebia un mois de vacances chaque été, tant que je passais les vacances avec mes parents.
Et j'y suis retournée aussi souvent que possible, en couple, seule, avec mon fils, avec des enfants qui n'étaient pas les miens et qui y étaient heureux de liberté.
J'y étais bien, nous étions beaucoup d'enfants dont les grands parents étaient du village, et dont les parents, partis à la ville, revenaient l'été, comme les miens.
Ce village compte actuellement une quinzaine d'habitants qui y vivent à l'année.
Maintenant ce sont pour beaucoup des actifs qui y trouvent la tranquillité.
Il y a quelques années ils n'étaient que quelques 5 ou 6 "anciens" accrochés à leur terre.
Hier le dernier ancien a disparu: tonton Albert, 89 ans, une vie de berger de montagne. 
Il est "parti" dans "son village", sans s'en rendre compte. Heureux. 
Qui allumera le feu de la St Jean en 2012?
Ce village, il est beau, il est face au Canigou.
Le soleil d'été lui donne un relief particulier.
La brume d'automne le rend fantasmagorique.
L'été tous les volets sont ouverts, les maisons résonnent.
Toutes les maisons ont été retapées, et sont devenues pimpantes.
Le terrain de boule est très animé le soir, et la cour de l'ancienne école est régulièrement le cadre d'apéritifs, de repas, de fêtes, et de la St Félix, LA fête du village.
Fête où tout le monde se retrouve, où les plus anciens parlent "d'avant", où ma génération se souvient qu'on s'y amusait, et s'ébahit devant l'âge de nos enfants, de nos-petits enfants pour certains, et où les adolescents découvrent des émois.
Notre maison est à une extrémité du village, un petit peu en dessus, on peut y rester au calme, ou aller arpenter les ruelles et rencontrer "du monde", discuter, quelquefois encore en catalan.
C'est pour moi l'endroit où je retrouve la sérénité.
Un couple d'anglais s'y est installé il y a quelques années.
Signe d'un avenir différent pour Ayguatébia? 
Pour moi ce sera toujours le village de mon enfance, et quand au détour de la route étroite et sinueuse qui y mène je commence à l'apercevoir, mon coeur bat toujours de la même façon.

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