Moi qui me prétends, fort peu modestement sans doute, cinéphile, je n'avais jamais vu un film d'Ari Kaurismaki.
Le film d'un finlandais, mais avec des acteurs principalement français, et en français (mon amoureux a du mal avec la VO), on y va!
Film décalé.
Décalé dans le jeu des acteurs, un jeu sans emphase aucune,
Décalé dans le gagne pain de l'acteur principal: cireur de chaussures, profession que je croyais disparue au XXIème siècle,
Décalé dans les costumes, les véhicules, les vêtements: la monnaie est bien l'Euro, mais les voitures, les costumes sont du siècle dernier.
Les boutiques de la boulangère et du marchand des 4 saisons, le bistrot du coin sont ceux que j'ai dans mes souvenirs d'enfance (et ce n'est pas hier...).
Ce film en couleur semble quelques fois en noir et blanc tellement la ville du Havre est filmée sous son côté sombre et triste.
Mais c'est ce décalage qui nous permet de laisser nos sentiments nous envahir, il laisse "de la place" au spectateur, à son empathie.
Ce gamin noir africain échappé d'un conteneur, qui pense être arrivé à Londres, et se retrouve dans une ville glauque, sans repère,
Cet homme qui n'a rien de sympathique dans l'apparence, et qui va tout faire pour qu'Idrissa puisse aller rejoindre sa mère à Londres,
Ce commissaire dont l'imper et le chapeau noirs rappellent des temps obscurs,
et qui se met en danger pour couvrir ce manège.
De la froideur des acteurs et de la mise en scène naissent la chaleur des sentiments, l'envie qu'a tout spectateur qu'Idrissa s'en sorte, échappe des griffes de notre si peu sympathique "Police des Frontières".
André Wilms, et, surtout, Jean-Pierre Daroussin, sont des grands acteurs, s'il fallait encore le prouver.
Et ce film, jamais misérabiliste, nous fait toucher du doigt, une fois de plus, la détresse des clandestins.
Et la force de la solidarité humaine.
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