La semaine dernière j'étais en stage de "formation de formateurs".
Formulation bizarre, mais le but est de se former à devenir soi-même formateur dans le domaine prud'homal.
Le dernier jour on nous a demandé d'imaginer chacun un sujet, sans rapport aucun avec le droit du travail, sur lequel nous pourrions parler pendant 10 minutes, de façon structurée, afin que le public, en l’occurrence les stagiaires, soit intéressés par le sujet et, à la fin des 10 minutes, ait l'impression d'avoir appris quelque chose.
On nous a aiguillé en nous disant que nous pouvions partir sur le terrain de nos passions.
Pour moi c'était évident, si je dois parler, ça sera du Québec.
Mais le Québec c'est grand, ça ne se résume pas en 10 minutes, et ça ressemblerait trop à un cours de géographie.
Et c'est à moi que l'on a demandé en premier de venir m'exprimer.
Natashquan!
Mon voyage vers "le village au bout de la route".
Le voila mon sujet!
Et j'ai raconté Natashquan.
Mon arrivée à Montréal, en juin 2001.
La voiture de location, une belle Chevrolet Malibu automatique, bleue.
Montréal, la grande ville, la métropole.
Puis direction Québec, la ville historique.
Et cap sur la Côte Nord.
La côte nord du Saint Laurent, où l'on voit peu à peu le fleuve devenir mer.
Où la rive sud devient fantomatique puis disparaît.
Antépénultième halte: dans la dernière "ville" de la Côte Nord: Sept-Iles.
Sept-Iles c'est l'équivalent de Mende, mais c'est LA ville, avec son centre d'achats, ses grands restaurants et ses fast-food, son cinéma et ses activités culturelles.
Dernière nuit avant Natashquan: Havre Saint-Pierre.
Un gros bourg avec sa rue principale, déjà l'impression que l'on est "loin".
Nous quittons Havre Saint Pierre pour Natashquan.
J'ai le coeur qui bat.
Je l'ai tellement rêvée cette dernière étape.
Natashquan, c'est Gilles Vigneault qui, pendant ses concerts, m'a donné envie de voir un jour l'endroit où il est né.
Il en parle avec tellement d'amour et de nostalgie.
Que celui qui a vu Gilles Vigneault en spectacle et qui n'a pas rêvé de voir son village me fasse signe.
La végétation change insensiblement, mais au bout de quelques heures on se rend compte que les sapins sont tout petits, que le sol est couvert de mousse: la taïga.
Des "inukshuks" au bord de la route ou sur un promontoire: des petites constructions amérindiennes faites de gros cailloux, stylisant un bonhomme, et matérialisant un lieu précis.
Lieu précis pour les amérindiens, ésotérique pour nous.
Deux ou trois heures avant Natashquan nous visitons la "maison Johan Baetz".
Johan Baetz? Un aristocrate belge qui est venu s'installer ici il y a fort longtemps, au début du XX° siècle.
Avec ses connaissances en médecine il a soigné les quelques habitants de la région.
Celle majestueuse villa au toit rouge, au milieu de nulle part, est magnifique.
Nous continuons.
Aguanish: le dernier village "avant".
Et voila le panneau d'entrée du village de Natashquan.
Réflexe de touriste: me faire photographier devant ce panneau.
Pouvoir dire "j'y étais"!
D'abord traverser le village, tout doucement, et voir "le bout de la route".
Nous arrivons au panneau: "route 138 - FIN"
Une vague piste continue jusqu'à Pointe Parent, village amérindien.
Au bord du lac, des hydravions.
A partir de là, pour aller au Labrador, 400 kms plus loin, c'est hydravion ou bateau.
Kégaska, La Romaine, Tête à la Baleine, Blanc Sablon: tous ces villages sont desservis par une ligne régulière de bateau.
Nous cherchons notre gîte.
Une chambre avec porte fenêtre qui ouvre sur la plage qui borde le Saint-Laurent.
A pied nous partons à la découverte du "village rêvé".
Je suis comme une gamine!
La maison de Gilles Vigneault: la voila, grande, murs jaunes.
Elle est entretenue, il parait qu'il y revient quelquefois, en hydravion.
Le cimetière: comme tous ceux d'Amérique du Nord, de l'herbe et des croix, pas de pierres tombales.
Quasiment que des Vigneault et des Gagnon.
"Les galets", les fameux galets qui sont l'emblème de Natashquan.
Pas des cailloux, non, des cabanes de pécheurs, en bois, peintes en blanc avec un toit rouge.
La plage, à perte de vue.
Des morceaux de bois flotté, deux sont maintenant encadrés près de mon lit.
Il ont un parfum d'évasion.
Le dîner, c'est au seul restaurant de Natashquan. Chaleureux et bon.
La nuit, pas envie de dormir, profiter du moment: "j'y suis"!!
Le lendemain nous reprenons la route dans l'autre sens, vers les villes.
Nous apercevons des baleines qui jouent non loin de la rive.
Au large les îles Mingan et leur colonie de macareux.
Merveilleux souvenir.
Commentaire des stagiaires: "on sent la passion quand tu parles".
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