18 mars 2012

"Mémoires d'ouvriers"

Vendredi soir, informés par le "café repaire" animé par Dany Bruet, nous sommes allés voir le film de Gilles Perret "Mémoires d'ouvriers".
Pas le film idéal pour un vendredi soir, soir où l'on a plutôt envie de se détendre après une semaine souvent chargée.
Et pourtant un film à voir, je vais même dire: à ne pas rater!
Un film qui permet une prise de conscience, même si nous pensons faire partie de ceux qui se posent déjà pas mal de questions sur la société dans laquelle on vit.
Un film qui pourrait accréditer la thèse, chère à la génération juste au-dessus de la notre, du "c'était mieux avant".
Oui, avant il y avait une chose essentielle: la Solidarité!
Ce film est fait à partir d'images d'archives des deux Savoies, archives montrant le travail en usine au milieu du XX° siècle, quand la France avait besoin d'acier pour ses ouvrages et avait besoin de main d'oeuvre pour construire des ponts, des barrages.
Et à partir des paroles des ouvriers qui ont travaillé dans ces usines et sur les chantiers. Paroles d'aujourd'hui parlant du temps d'hier.
La vie de ces ouvriers était dure.
La plupart avait une exploitation agricole, dans cette région montagneuse où il n'est pas facile de travailler la terre, à flanc de montagne.
L'ouverture d'usines a permis à ceux que l'on appelait alors les "chefs de famille" de pouvoir travailler et avoir un salaire assuré quand le produit des récoltes était aléatoire.
Pas de voiture, levés à 2h du matin pour se rendre à pied à l'usine, par tous les temps, travailler de 4h à midi, et reprendre le chemin de la ferme, que la maîtresse de maison faisait tourner en l'absence du mari.
Travailler à la ferme l'après-midi.
Ceux qui vivent encore sont usés, mais pas amers.
L'usine leur a permis de vivre mieux, de leur assurer une régularité de revenus, de pouvoir permettre un autre avenir à leurs enfants.
D'être plus fatigués, assurément, et en même temps plus sereins.
Tous gardent un bon souvenir du travail en équipe, que ce soit devant les fonderies d'Ugine ou sur le chantier du barrage de Roselend.
La satisfaction du travail bien fait: "pas un mégot n'est tombé dans un pilier du barrage".
Le souvenir des casse-croûte pris en commun dans une ambiance chaleureuse.
Le souvenir de l'esprit d'entraide qui régnait.
Et puis un jour les patrons ont eu une idée: instaurer des primes au mérite, et/ou au rendement.
A partir de là les ouvriers ne montraient plus leurs bulletins de salaire.
Aider un collègue en difficulté c'était travailler moins pour soi-même et réduire sa prime.
La solidarité s'est fissurée.
Ceux qui travaillent encore aujourd'hui dans les quelques sites restants, dirigés par le groupe international "Rio Tinto-Alcan", mi australien - mi canadien, reçoivent des directives de l'autre bout du monde, directives dont le but essentiel est d’accroître la productivité pour satisfaire les actionnaires du groupe.
Ils déplorent l'individualisme des ouvriers.
Les chiffres tombent à la fin du film: le monde des ouvriers et employés représente 26% des travailleurs français, il représente 2% du temps de parole dans les média.
La Solidarité, c'est sans doute un des plus beaux mots de notre langue.
Mais que devient-il ce mot?

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