12 nov. 2014

Pépé

Lors de la cérémonie d'adieu à mon père, en août 2009, son petit fils Joan, mon fils et ma fierté, avait lu ceci:
"
Il y pas mal de temps de cela, j'ai lu dans une revue scientifique que le phénomène de voir sa vie défiler devant ses yeux lors de sa mort était naturel. Que notre cerveau, de lui même, effaçait sa mémoire avant de s'arrêter, revisionnant les éléments, les souvenirs, qui l'avaient marqué.

C'est ce qui m'a fait penser aux moments que Pépé a du revoir une dernière fois, et à ce que je garde de lui.

Je pense aux vacances que j'ai eu la chance de passer avec lui et ma grand mère, de mon enfance où j'ai découvert une partie de la sienne, partageant et goutant nos origines communes entre les histoires d'antan et la beauté des Pyrénées.

Je pense à l'après midi où un caprice d'enfant m'avait brouillé avec mamie pour une bêtise, alors que l'on se promenait prés d'Ayguatébia. Ce même après midi où pépé était venu nous rejoindre, se cachant pour nous surprendre d'un bond à notre arrivée; le sourire à ses lèvres dispersant notre mauvaise humeur.

Car c'est à son sourire que je pense le plus.

Que ce soit le sourire fatigué mais non atténué qu'il m'a offert la dernière fois que je lui ai parlé à l'hôpital. Que ce soit ceux que je le voyais échanger avec Simone, Guylaine, mon Père, Philippe, et tout ceux qui ont partagé sa vie familiale et amicale, et que je m'excuse de ne pas citer.

C'est aux moments où son bonheur se ressentait et s'épanouissait que je pense et auxquels j'aimerais que vous pensiez. Ces moments où il vous a tout simplement souri. Car je sais que lorsque son corps s'est retrouvé trop vieux pour maintenir son esprit, ce sont ces moments là qu'il a revus une dernière fois.

Les moments passés avec une épouse qui l'a accompagné avec une tendresse innée pendant plus d'un demi-siècle. Avec une fille dont les différences de pensées n'ont jamais émoussé la fierté et l'amour qu'ils se portaient réciproquement, bien au contraire.

Ces moments nous prouvant, que même face a l'incertitude que la mort projette sur nous, il est une vérité qu'elle ne peut nous effacer, et qui est sans doute l'une des dernières qui lui a traversé l'esprit avant de mourir : Il a eu une vie heureuse et bien remplie.

C'est cette vérité qui  lui permet de m'offrir encore et toujours, malgré le tombeau; ce doux sourire contagieux


Au revoir Pépé. Merci de m'avoir permis d'exister et de sourire."

Merci pour ce courage mon fils, merci pour cet hommage à cet homme grace à qui, effectivement, nous sommes ici et tels que nous sommes

1 commentaire:

  1. Qu'écrire après la lecture de cette lettre si poignante et pleine d'amour envers un petit fils à son grand père !Sourire , souvenir, peuvent s' entreméler dans la peine et le bonheur

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