Il y a 41 ans aujourd'hui, tu me prenais dans tes bras pour la première fois.
Il y avait longtemps que je t'avais remarqué dans les rues de Salon.
Brun, bouclé, les cheveux longs, le regard clair, peut-être un petit côté "bad boy" qui m'attirait.
Une fois tu m'avais dit bonjour et j'en étais très fière.
Un jour des vacances de fin d'années, je "travaillais" dans un bar, avec une amie.
Un exposé sur "la journée d'Ivan Denissovitch" de Soljenytsine.
Tu étais avec un copain, presqu'en face de nous.
Tu me regardais intensément.
Je ne pouvais plus me concentrer...
Le lendemain j'ai tenu à retourner au même endroit.
Tu y es arrivé peu après.
Cette fois nous nous sommes parlé.
Et le soir tu m'as raccompagnée chez moi.
Baiser.
Malgré mes juste 17 ans, des flirts j'en avais eu.
Mais là mon coeur était à l'envers, ma tête ailleurs.
De ce moment là, nos rencontres ont été fréquentes, intenses.
Tu ne plaisais pas à mon père.
Un peu parce qu'il avait deviné que cette fois on lui enlevait sa fille.
Un peu parce que tu n'avais pas le look du gendre idéal tel qu'il le voyait.
Et puis mes parents ont compris que c'était toi que j'avais choisi.
Papa a fait contre mauvaise fortune bon coeur, maman, elle, ne souhaitait que mon bonheur.
Trois années après ce premier baiser, tu es devenu officiellement mon mari.
J'avais juste 20 ans. Toi un an de plus.
Quand nous nous sommes dit "oui", tes mains étaient moites, ton émotion était palpable, la mienne aussi.
Nous ne tenions pas spécialement au mariage, mais "cela se faisait", et évitait les commentaires familiaux.
Mais ce mariage nous avons tout fait pour qu'il soit simple.
J'ai tenu bon et n'ai jamais accepté de robe blanche.
Nous nous étions accordé 5 ans avant de penser à avoir un enfant.
C'est avec toi que j'ai découvert le Québec.
L'enfant est arrivé, avec un peu de retard, nous voulions le concevoir au Québec mais la nature ne l'a pas voulu.
Le 13 novembre 1982 est né Joan.
De l'avis unanime, c'était tout son père. Tout toi.
Toi,
Tu étais un "taiseux", ce n'étais pas toujours facile.
Mais tu étais si attentionné, si tendre.
La vie nous a apporté des hauts et des bas.
Je t'ai fait souffrir et cela restera la plaie ouverte de ma vie.
Une voiture arrivant de face ne t'a pas laissé de chance.
Depuis ton fils a appris à grandir, puis à vivre sans père.
Il a maintenant un beau-père, qui a apporté à nouveau le bonheur dans ma vie, et avec qui il s'entend à merveille.
Jean-Jacques,
Toi, la ceinture noire d'aïkido,
Toi, le lecteur impénitent,
Toi, l'homme juste et bon,
Toi, le père aimant,
Aujourd'hui je pense à toi et j'ai envie de te rendre cet hommage.
Quelqu'un de bien, juste quelqu'un de bien.
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