18 avr. 2017

Une page qui se tourne

Mardi, lendemain de jour férié, 09h50.
Pour mon amoureux c’est la reprise du boulot.
Pour moi la reprise des activités.
La différence ? C’est que je suis rentrée dans cette phase qui s’appelle « retraite ».
Le mot ne me plait pas. Je pense à la retraite que l’on fait dans un couvent.
Pour moi c’est fin de la vie professionnelle dans une profession que je n’aimais pas, ou plutôt que je n’aimais plus tellement elle s’était déshumanisée.
C’est l’entrée dans une autre forme de vie, qui ne différera pas trop dans les faits.
Le militantisme et les Prud’hommes feront toujours partie de mon quotidien, mais avec une notion de liberté dans un coin de ma tête : si cela ne me correspond plus je peux arrêter, passer à autre chose.
Le 06 avril, lors du rendez-vous avec l’Assurance Retraite, j’étais complètement nouée.
Avais-je les bons papiers, n’allait-on pas me dire que finalement je ne pouvais pas encore la prendre, cette « retraite ».
Et quand on m’a dit : « vous pouvez partir à compter du 1er mai » cette angoisse s’est dissipée, a laissé la place à un sentiment que je n’arrive toujours pas à nommer.
En sortant j’avais les larmes aux yeux.
La page travail était tournée.
Je suis allée sur mon ordinateur professionnel poser les jours de repos que je pouvais prendre, et j’ai avertir mon service de Ressources Humaines (qui ne sont plus humaines de nos jours, mais c’est l’expression consacrée).
Libre !
Oui, mais la soixante entamée !
Et alors ?
Alors cette sensation de pouvoir passer à n’importe quelle heure de la journée devant le siège de ma boite sans que mon « supérieur hiérarchique » puisse se demander pourquoi je suis dehors à cette heure-là.
Alors oui, une sensation de liberté, même si les engagements militants que j’ai pris je les tiendrai.
Vendredi c’est le jour d’avant week-end, et ce vendredi j’ai réalisé que le mot week-end n’avait pas réellement de sens pour moi.
Oui, il gardera du sens tant que mon amoureux, lui, sera en week-end ou en congés, mais qu’il travaillera encore.
Après, j’ai l’impression qu’une ivresse nous portera, celle de décider du jour au lendemain de partir dans mon coin perdu catalan, de partir voir nos amis aveyronnais, d’aller visiter une région ou un pays.
J’espère que c’est cela que nous ressentirons, tous les deux, ensemble.
Mais ça c’est après.
Maintenant.
Aller retrouver mes camarades pour la traditionnelle réunion hebdomadaire.
Aller rédiger mes jugements au Conseil de Prud’hommes.
Mais peu importe l’heure que je mettrai sur ma feuille de présence.
Regarder les programmes de cinéma pour voir quel film je pourrais aller voir les après-midi qui n’intéresserait pas mon amoureux.
Aller me balader à Istres, « ma » ville.
Aller boire le café chez Nicole.
Profiter de plus de moments avec mon écrivaine préférée quand elle est libre.
Renouer de vrais liens avec Christine.
Retrouver le chemin de la cuisine et prendre plaisir à faire plaisir.
Ouvrir ma boite à tout où j’ai rangé de quoi faire quelques travaux manuels que je n’oserais pas qualifier d’artistiques.
Ecrire, faire sortir enfin ces phrases qui pourraient faire un livre.
Et puis maman, qui va avoir besoin de moi de plus en plus.
Une nouvelle vie, et je ne réalise toujours pas vraiment.




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