27 avr. 2018

Tata Lisette



Je ne peux résister à l'envie de publier ce beau texte que ma cousine préférée a lu hier, pour saluer la mémoire de sa maman.


Comme souvent au cours de ta vie, nous nous réunissons encore aujourd’hui autour de toi, maman.
 Le 22 juillet 1925, débute ton histoire, tout là-haut dans les Pyrénées, aux Bains de St Thomas, sous le soleil éclatant d’été.
 La saison touristique bat son plein et sûr que tes parents, riches déjà de deux garçons, t’ont rapidement déposée dans ton berceau avec le biberon en équilibre… le restaurant est plein et les clients n’attendent pas….    Cet empressement d’ailleurs rejaillira sur le flou autour de ton prénom… pour certains Elisabeth ? Lisette ? Hortense ?  Pour l’état civil c’est HORTENSE, Elisa, Marie !  Pour nous, c’est MAMAN ! Petite déjà -et tant que tu l’as pu-, tu seras toujours en mouvement, tel un ressort, prête à répondre à toutes les sollicitations, tu es disponible et attentive à tous.  A la venue d’une petite sœur, tu te perfectionneras et tu lui porteras grand soin longtemps.
Cette belle énergie de vie se retrouve toujours dans ton regard, tes paroles mais aussi guide tes pas et sous-tend tes gestes et actions.  Plus tard, ton tempérament de feu t’a aidée à vivre libre, à une époque où il n’était pas facile d’affronter –seule, séparée-  la vie… parce que le Grand Amour finit mal en général … Et pour dépasser cette étape devenue plus difficile, tu t’adapteras et mettras ta sollicitude et ton énergie au service de ceux que le grand âge rend dépendants.  Ton humour joyeux -mais aussi parfois acidulé voire caustique-  fuse dans tes réparties qui font mouche à chaque fois nous laissant interloqué de tant de vivacité, de réalisme et de drôlerie ! Bien vu ! Disions-nous.    
Qui t’a rencontrée en a sûrement une en mémoire ! Evidemment tu as traversé et surmonté des épreuves mais jamais tu ne t’es départie de cette volonté joyeuse et de cette envie de vivre qui te faisait entonner à la demande tes chansons catalanes intensifiant nos moments conviviaux et nos repas de famille.  Nous étions des fans subjugués et évidemment l’écho de tes chants résonnera longtemps en nous.   
Tes trois filles -JOËLLE, NICOLE, GHISLAINE- sont fières de leur maman dont nous perpétuons les valeurs :   nourrir et resserrer les liens familiaux, toujours faire de son mieux en respectant chacun chacune, et la sempiternelle valeur travail à laquelle toi-même a été biberonnée et que nous avons toutes transmises à tes 5 petits-enfants :  CELINE, STEPHANIE, JULIEN, JEROME ET MARION. Petits-Enfants dont tu étais très fière et pour lesquels toujours tu t’inquiétais de leur vie et prenais plaisir à les voir être devenus de si grands enfants ! Tu as su –tous-  nous entourer chaleureusement d’amour -point trop d’effusions démonstratives - pas l’habitude et une pudeur qui toujours te retient-   mais ta confiance et ton soutien sans faille nous ont protégé, rassuré et nous aident à devenir comme toi de belles personnes.  Avec tes trois gendres, ROBERT, GERARD, PATRICK, tu as beaucoup partagé et ils n’ont jamais ménagé leur peine, se rendant toujours disponible pour te rendre la vie plus confortable, améliorant par des travaux ton quotidien mais avant tout une complicité vous unissait et vos échanges pleins d’humour vous ont amusés et nous, les filles, trouvions belle l’histoire qu’ensemble vous écriviez.
Quand de ta vie l’hiver devient la saison, tu regardes avec plaisir ta couvée (avec fierté- même si tu ne peux le dire à voix haute). Une couvée maintenant riche de 8 arrières petits-enfants : AMANDINE, QUENTIN, THOMAS, ROBIN,  ELEA, LILI, ALBIN ET ADAM.  Malgré la mémoire qui flanche, à chacun tu chantes toutes ces comptines enfantines qui adoucissent les petits malheurs des tout-petits et les font éclater de rire aussi. 
 Leur venue a réchauffé ton cœur -un peu fatigué- et t’a offert aussi l’opportunité de reprendre tes aiguilles pour leur tricoter des chaussons, des chaussettes (ta spécialité), des pulls, des bonnets, des écharpes, des tours de cou…. Quand nous avons tous frôlé la surchauffe par tant de chaleur, d’épaisseur de laine d’amour, nous avons sollicité les amis et voisins.  Tricoter devenait ta seule activité, tes jambes de trop avoir couru   ne te permettaient plus de dépenser ton énergie.
Tu as pris soin de nous et nous avons aussi pris soin de toi. L’hiver n’est pas la meilleure saison. Nous avons tous, avec tout notre amour, depuis notre place, aplani tes difficultés, géré pour toi et rempli ta vie de joies comme toi-même l’avais initié. Nous étions très proches et nous nous sommes enrichis mutuellement. Bien sûr nous souhaiterons qu’il en soit toujours ainsi mais maman, on vit, on meurt, ainsi va le monde. Tu aimais l’ordre et que chacun soit à sa place, respectueux de celle des autres, tu souhaitais les lumières éteintes quand la lumière du jour éclaire, les rideaux tirés quand la nuit est tombée et la porte fermée quand on quitte la place. A presque, 93 ans, ton repos est juste. Aujourd’hui, au moment de se séparer réjouissons-nous de notre rencontre et poursuivons chacun notre chemin, le cœur enrichi de ces moments de partage d’amour et de tendresse. 
Et ainsi va le monde maman, on vit, on meurt. 


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