Si l’on m’avait dit qu’un jour j’irais voir le concert de la
« Tournée Age Tendre » avec les vedettes décaties des années 70…
Et
j’y suis allée, et avec plaisir car c’était à la demande de Filou.
Mon Filou,
mon ami, mon frère.
Et je me suis prise au jeu, j’ai tangué en rythme avec lui
sur ma chaise, j’ai regardé son émotion en écoutant « J’ai encore rêvé
d’elle ».
Sa joie faisait plaisir à voir, et rien que pour ça je ne
regrette pas de m’être mêlée à une foule à peu près aussi décatie que les ex-vedettes,
je ne regrette pas d’avoir traîné ma patte folle béquillée.
Je ne regrette pas
d’avoir cédé à la mode des selfies que je rejette d’habitude, d’avoir fait la
queue pour qu’il ait ses dédicaces.
Et c’était un bel après-midi.
Comme tous les moments passés avec lui.
Ce ciment de complicité qui nous lie depuis tant d’années
m’est indispensable.
Se comprendre d’un regard, rire ensemble, et, c’est arrivé
aussi, pleurer ensemble.
Avec Filou j’ai traversé ce désert si peuplé de ma vie, où
je ne savais plus trop où aller, vers qui aller, nous étions esseulés au même
moment et partagions nos joies et nos peines.
Il est le seul qui sache tout de
cette période-là de ma vie, le seul à qui j’ai toujours osé tout dire.
Il est
l’épaule sur laquelle j’ai souvent posé ma tête.
Et quand je posais ma tête sur
son épaule j’allais mieux.
Maintenant il est heureux en couple, je suis heureuse en
couple, et pourtant j’ai toujours besoin de lui. Ne pas le voir ni l’entendre
de quelques jours crée un manque, inexplicable mais bien là.
Nos conjoints respectifs s’entendent à merveille, nos
moments à 4 ou plus sont de vrais régals, et puis il y a toujours nos échanges
à deux.
Au téléphone le plus souvent, où comme cet après-midi mémorable de
début mars.
Et puis ce souvenir à jamais gravé dans nos têtes, ce moment
mémorable que nous évoquons quasiment à chacune de nos rencontres : notre
croisière, le Bonaparte, le « Disco folie’s », Rome…
Le seul couple qui n’en était pas un et qui faisait baver
d’envie tous les vrais couples tant nous avions l’air unis.
Oui, j’ai menti pour qu’il puisse participer à cette
croisière organisée par mon CE en disant qu’il était mon compagnon officiel.
Et
nous avons joué le couple parfait.
Nous avons dansé comme si personne ne nous
regardait, nous avons fait notre entrée remarquée à l’apéritif du commandant,
tous les deux de blanc vêtus, avec le même motif sur le même t-shirt, en nous
tenant par la main. Et nous n’avons pu retenir longtemps notre fou-rire quand
nous avons senti tous les regards sur nous.
Nous sommes arrivés les derniers dans le car qui nous
emmenait du port à Rome, des poches sous les yeux par manque de sommeil. Et
nous avons senti ce que tout le monde pensait de notre fatigue.
Eh non, nous
avions juste dansé et chanté jusqu’à très tard dans la nuit avant de regagner
notre cabine commune où nous avons dormi très peu d’heures, sagement.
Nous avons visité Rome en quittant le groupe, moi profitant
d’une glace italienne pendant qu’il arpentait le Panthéon en bon archéologue
qu’il est. Nous avons pouffé de rire en apercevant une participante à la
croisière, peu gâtée par la nature, affublée d’une casquette avec les oreilles
de Mickey. Oui, c’est mal de se moquer, mais on s’en donne le droit !
J’ai servi de cobaye à mon Filou quand il préparait ses
visites de lieux antiques pour y emmener ensuite ses cars essentiellement 3ème
âge.
Et moi qui suis beaucoup plus géographie qu’histoire, je l’écoutais avec
plaisir.
Il sait que je m’endors à ses conférences, et que maintenant
je n’y vais presque plus, il ne m’en veut pas.
Il fait partie de ma vie. La vie ne m’a pas donné de frère
(ni de sœur d’ailleurs), alors je les ai choisis.
Filou est mon petit frère de cœur.
Et, dans un coin perdu de
l’Aveyron il y a mon grand frère de cœur.
Totalement différent, et notre
relation est différente aussi, mais lui aussi m’est indispensable.
Sans eux, ma vie aurait était autre, et bien plus dure. Car
grâce à eux les durs moments ont pu être adoucis.
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