11 juin 2019

Maman


Hier nous avons emmené maman en maison de retraite pour un mois, puisque nous partons au Canada.
Une première expérience a été faite l’an dernier quand nous sommes partis à Bali, et elle en était très contente. D’ailleurs elle appelle cela « sa colonie de vacances ».
Pour moi, de toutes façons, je ne pourrais envisager de partir loin en sachant maman seule chez elle.
Voilà plusieurs jours, voire plusieurs semaines, que maman préparait ses affaires.
Je lui ai conseillé plusieurs fois de faire une liste de ce qu’il ne fallait pas oublier.
Pendant des dizaines d’années, maman m’a donné des conseils, que j’écoutais rarement. Elle me rend la pareille…
Donc, hier, le coffre du break était plein de nombreux sacs contenant des choses diverses et variées, voire incongrues.
Nous avons déchargé tout cela dans la chambre 305, la même que l’an dernier.
Comme l’an dernier, Philippe est allé acheter un câble pour la télé car nous n’avions pas le bon.
Maman défaisait ses sacs, je la laissais faire, elle range tout à sa façon.
Toutes les cinq minutes j’entendais : « mince, j’ai oublié ça ». Eh oui maman, tu n’as pas fait de liste…
Mais bon, comme les oublis n’étaient pas très graves, qu’elle n’est pas dans le désert et pourra donc faire des achats dans le village, nous n’avons pas eu à retourner chez elle comme je le craignais.
Joan, adorable fils, adorable petit fils, viendra la voir tous les week-ends.
Moi je vais faire un break. Du décollage à l’atterrissage, soit pendant 3 semaines, plus d’appels, plus le souci de me demander où elle est, pourquoi elle ne répond pas au téléphone.
Retrouver de la sérénité.
Les nouvelles seront par mail par l’intermédiaire de Joan.
Une fois la télé branchée, maman a regardé une émission sur des cueilleurs de café, et nous avions l’impression qu’elle avait oublié que nous étions là.
Philippe ayant sa valise à terminer, puisqu’il travaille jusqu’à la veille du départ, nous avons pris congé.
Maman nous a accompagnés, la télé est restée allumée. Maintenant, télé, lumières et appareils divers restent le plus souvent allumés, par oubli. Les portes de placards, de frigo, restent ouvertes, comme les robinets. Je ne dis plus rien, inutile.
Et puis elle est restée à l’accueil, faire connaissance avec l’animatrice.
Je suis partie le cœur gros. Pourtant je ne l’abandonne pas. Mais je pense au jour où elle s’installera pour de bon, pas pour un mois.
Quand je suis loin je m’inquiète, quand je suis avec elle j’ai du mal avec ses questions tant de fois répétées, avec ses oublis si nombreux, avec les idées qu’elle ressasse sur le passé, toujours les mêmes.
Il faut que je m’y fasse. Je me le répète inlassablement.
Je n’y arrive pas.

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