28 juillet, dans 3 jours départ en vacances.
Est-ce qu’on dit vacances pour une retraitée et un privé d’emploi ?
En tous cas, celles-là j’ai l’impression de les avoir plus que
jamais méritées.
Et pourtant cette année pas d’avion, pas de pays lointain, pas
de langue étrangère si ce n’est le patois catalan français (différent du
catalan de Catalogne espagnole, ça serait trop facile !).
Juste, cette fois, les Pyrénées, mes Pyrénées, mon coin perdu,
mon nid d’aigle.
Et peut-être en septembre, avec un peu plus d’audace :
les châteaux de la Loire, mais l’époque actuelle est tellement ponctuée de « si »,
avec ce virus présent dans tous les esprits, et hélas quelquefois pas que dans
les esprits…
Pour la première année, pas d’escapade à l’étranger, sans
doute même pas en Andorre, et je n’en suis pas triste. Cela ponctue une période
tellement atypique.
Cette fois je pars en sachant que maman n’est pas seule dans
sa maison, qu’il y a du monde autour d’elle.
Et puis, grande victoire pour moi, cette grande maison si
pleine enfin vide, ou presque, mais on ne va pas ergoter.
Cette maison où il m’a été si pénible d’aller depuis que maman
a commencé à décliner et que je ne savais jamais comment j’allais la trouver,
et puis, encore plus pénible, quand il y avait tout ce que maman y avait laissé
et qu’elle n’y était plus.
Comment peut-on accumuler tant de choses, tant d’objets,
certains tellement inutiles et dérisoires pour moi ?
Maman était devenue la proie des vendeurs par correspondance,
ceux qui savent que vous n’avez pas internet, que vous êtes, au moins,
octogénaire, et que quand on vous dit que vous allez gagner le gros lot avec la
prochaine commande, vous y croyez. « La preuve : il y a les noms de
ceux qui ont gagné » …
Au début, cela a été très difficile. Découvrir chaque fois un
nouvel endroit où de la nourriture, des objets divers, des « cadeaux »
ont été stockés.
Heureusement que Joan et Philippe étaient là. Dur de se rendre
compte que sa propre mère est devenue si crédule, si naïve.
Bon, le Secours Populaire a récupéré des stocks de
nourritures, et juste avant les fêtes, consolation.
Et puis tous ces meubles, de grande qualité, payés chers, mais
qui ne sont plus du tout au goût de 2020. Toute cette vaisselle, belle, chère,
que maman était si heureuse d’avoir, elle qui, enfant, mangeait dans des
assiettes très bon marché, et buvait dans des verres à moutarde.
La vie n’était pas facile, ni à Costeplane, ni à Ayguatebia,
chez les paysans.
Papa a eu la chance de faire une carrière qui ne serait plus
envisageable avec un simple certificat d’études de nos jours. Il a grimpé dans
l’échelle sociale, tout en restant, heureusement, simple et conscient de ses
origines.
Et à la retraite, dans cette maison qu’ils avaient faite
construire pour cela, ils ont pris le goût des brocantes.
Des beaux objets il y en avait !
Et pour maman c’étaient des trésors, comme obtenus de haute
lutte.
Et pour moi qui ne suis attachée qu’à quelques rares objets,
qui « claque mon fric » dans les voyages, c’est vrai que cela j’ai eu
du mal à le comprendre.
Que d’accrochages, de disputes, avec maman, chaque fois qu’on
la ramenait à Pélissanne. Heureusement que mes deux diplomates préférés étaient
mes soutiens et tentaient de lui faire entendre raison.
Et puis pas mal d’objets, quelques meubles, sont partis chez
des amis.
Des amis chez qui j’aurai plaisir à les revoir.
Ces amis, d’ailleurs, qui m’ont tellement aidée dans cette
période difficile. Le mot Ami est si précieux, comme le mot Camarade …
Des objets du quotidien qui permettront à Mirella et à ses
enfants de s’installer dans le logement qu’elle va enfin avoir, elle qui n’a
rien.
Et au final, hier, c’est la Croix Rouge qui a récupéré ce qui
restait.
Les beaux objets seront vendus pour permettre à l’association
de fonctionner, les objets utiles serviront à ceux qui n’ont pas la chance de
les avoir.
Et cette équipe d’hommes cabossés par la vie, qui a mis tant
de cœur à l’ouvrage hier pour remplir le camion qui emportait tout ça. J’espère
tellement que se sentir utiles leur redonnera le vrai goût de la vie qui ne les
a pas épargnés.
Voilà, la page est quasiment tournée. La vente doit se
concrétiser en septembre et un jeune couple avec deux enfants et un troisième
en route vont donner une nouvelle vie à cette maison. Elle deviendra une maison
de vie et plus une maison musée.
Et moi, je vais profiter de l’air de la montagne, des amis qui
nous rejoindront, des cousins de passage, faire le vide dans ma tête et le plein d'oxygène dans mes poumons!
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