Je rêve
Je rêve d’être sur le pont d’un bateau, sur le Bosphore, entre
Istanbul et Anadolu, à admirer les façades de ces belles maisons de bois. Et, à
Anadolu, manger un plat de poissons tout en regardant les chats qui se pressent
pour avoir leur part.
Je rêve que les yéménites mangent à leur faim et ne vivent
plus dans la terreur.
Je rêve de boire en café en terrasse, comme avant. Et si c’est
en bonne compagnie c’est encore mieux.
Je rêve de revoir les baleines, emmitouflée dans une
combinaison super chaude, sur un zodiac, au large des Escoumins. Et après, les
yeux remplis de ce spectacle magique, aller manger un homard dans ce restaurant
au bord de l’eau.
Je rêve que le jeune homme qui jongle au feu rouge, à Aix, et
que la plupart des automobilistes ne regardent même pas, sorte de la précarité,
voie un avenir.
Je rêve que tous ceux qui militent pour la cause des travailleurs
n’aient pas d’autre ambition que de faire entendre nos luttes, de les gagner.
Je rêve de me balader au milieu des rizières, du côté de
Sidemen, avec mon amoureux. De nous arrêter dans un warung pour déguster un
nasi goreng cuisiné sous nos yeux et servi avec ce sourire dont les balinais
ont le secret.
Je rêve que le tourisme ne détruise pas Bali, mais qu’il
respecte les balinais.
Je rêve que maman ne me parle plus de Costeplane, ne me parle
plus de Pélissanne, et qu’elle soit heureuse jusqu’à la fin de ses jours, le
plus tard possible, même si sa mémoire lui joue des tours. Je rêve de pouvoir l’embrasser
sans masque.
Je rêve que la société capitaliste dans laquelle nous vivons
réalise que la consommation ne fait pas le bonheur, que le bonheur est dans le
partage, dans la solidarité, jamais dans l’égoïsme.
Je rêve de rouler à gauche dans la péninsule de Beara, de
manger un sandwich au Healypass, là où l’on voit l’océan où que l’on regarde.
De revivre ses moments d’interrogation au pied d’un poteau indicateur où tout
est écrit en gaélique.
Je rêve de découvrir l’endroit où le glacier plonge dans la
mer, au bout de la Terre de Feu. D’entendre le bruit de la glace qui vit, qui
bouge.
Je rêve que Joan soit heureux toute sa vie.
Je rêve que Renaud écrive à nouveau des merveilles de mots doux et durs avec son humour que j'aime tant.
Je rêve que les migrants à qui j’essaie d’apprendre un peu de
français trouvent leur place dans notre pays, et que notre pays accueille ceux
qui n’ont plus rien sans que Marine Le Pen y trouve à redire.
Je rêve de l’homme providentiel ou de la femme providentielle,
qui pourrait nous donner espoir en l’avenir de notre pays.
Je rêve que ma famille, mes amis, soient heureux. Je rêve de
passer encore des centaines, des milliers de moments avec eux.
Je rêve.
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