La retraite, cela fait plus de 5 ans maintenant que j’en
profite.
Ça a d’abord été une retraite très active, avec plusieurs
engagements (soutien scolaire, alphabétisation), et donc un réveil qui sonnait
encore souvent le matin. De toutes façons celui de mon amoureux sonnait aussi,
et je l’ai rarement laissé prendre seul son petit déjeuner.
J’avais besoin de cette transition. Je n’étais pas retraitée
dans ma tête, et, sans doute, je ne voulais pas donner une image de retraitée.
Pas facile à expliquer ce qui se passe dans la tête, après
l’immense joie, à en pleurer, à l’annonce que l’on peut prétendre à la retraite.
Et en ce qui me concerne je l’ai prise dès que ça a été la
date. Je ne me supportais plus en « employée de banque », même si,
les dernières années, je n’avais plus de poste de travail officiel et était
essentiellement porteuse de mandats syndicaux et du mandat prud’homal. Même si mes
mandants syndicaux me faisaient souvent aller à Paris et que cela ne me
déplaisait pas. Il fallait que je coupe cette relation avec ce milieu qui me
devenait insupportable.
Mon travail, que je n’ai pas vraiment choisi puisqu’il s’est
présenté par hasard et que je l’ai accepté sur un coup de tête de révolte face
à l’autorité paternelle, je l’ai apprécié au début.
Nous étions suffisamment nombreux pour travailler correctement,
il n’y avait pas de pression de la hiérarchie pour « faire du
chiffre », et le contact avec les clients ne me déplaisait pas.
Puis les effectifs se sont réduits, augmentant la charge de
travail de chacun, et dégradant la relation avec les clients, de plus en plus
mécontents et souvent avec raison.
Mon emploi d’ « équipière volante » m’a épargné beaucoup
de soucis relationnels puisque j’allais en renfort dans les agences, où l’on
était content de me voir arriver, on l’on ne me demandait pas ce que l’on
demandait aux employés en poste fixe, à savoir en faire plus que ce qu’ils
pouvaient. De toutes façons je crois avoir toujours fait correctement mon travail
sans qu’il y ait eu besoin de me le demander.
Et donc la page travail s’est tournée.
En mars 2020, au début du confinement, hasard, mon amoureux s’est
arrêté de travailler.
Mon activité prud’homale me prenait encore du temps, mais quand
je n’avais rien aux Prud’hommes le matin, que c’était bon de se lever sans réveil,
de prendre son temps pour le petit déjeuner. D’être ensemble tout simplement.
Même si je pense avoir toujours exercé mon mandat prud’homal en
y mettant toutes mes tripes, en cette année 2022, il faut reconnaitre que je n’avais
plus la foi. Plus envie de lire toutes les nouveautés juridiques et
jurisprudentielles, plus envie de subir certaines mésententes et la mauvaise
foi de quelques-uns.
Je reviendrai plus longuement dans un autre article sur ce qui
a amené ma démotivation, tant au niveau des Prud’hommes qu’au niveau syndical.
Et donc, afin d’être sûre de finir mon mandat (en décembre)
sans laisser des affaires non délibérées, j’ai choisi de ne plus siéger depuis
juin. Et mercredi matin j’ai participé au délibéré de la dernière audience qu’il
me restait à délibérer.
Et j’ai réalisé que, si j’avais encore le « titre »
de conseillère Prud’hommes pour quelques petits mois, mes activités se
terminaient là.
Passer la porte, ça a été bizarre.
Mais arrivée à la maison, j’ai dit à Philippe « c’est
terminé », avec joie. Car cela voulait dire que maintenant quasiment tout
notre temps était à nous deux !
J’arrête également le militantisme syndical, pour les raisons
que j’expliquerai plus tard. Ce qui ne veut pas dire que je ne serai pas dans
les manifs quand elles me paraitront justifiées. On ne perd pas ses valeurs
comme ça !
Alors bien sûr, ceux qui me connaissent s’en doutent, je ne dis
pas « je ne fais plus rien, je ne m’occupe plus de rien ». C’est
impensable pour moi, sauf si ma santé m’empêche un jour de rester active.
Je milite dans un parti politique. Là aussi, ceux qui me
connaissent en connaissent la couleur. Mais à la mesure de mon temps, sans m’engager
dans des responsabilités autres que ponctuelles.
Je me renseigne auprès du Secours Populaire, des Restos du Cœur,
pour savoir si mon aide, ponctuelle toujours, peut être utile.
Je me suis inscrite à des cours de Pilates.
Mais j’ai un mot en tête : liberté. Liberté pour nous
deux.
Nous n’allons pas passer le restant de nos jours collés l’un à
l’autre. Nous ne pratiquons pas le même sport, mon amoureux n’a pas forcément
envie de participer aux associations auxquelles je pourrais participer. Lui ne s’ennuie
pas à la maison car il aime bricoler. Moi, même si j’ai investi dans quelques objets
de base de travaux manuels, et que je me dis régulièrement que je vais m’y
mettre, je ne suis pas casanière, je ne l’ai jamais été.
Notre vie amicale restera ce qu’elle est, puisque la retraite
n’éloigne pas les amis. Nous avons la chance que cette vie soit riche. Certains
amis sont retraités, d’autres non, cela ne fait pas de différence.
Les week-ends, même s’ils n’ont plus d’existence officielle
pour nous, restent des week-ends, des jours où l’on ne va pas entreprendre des
travaux, quels qu’ils soient. Nous avons du temps dans la semaine pour ça.
Et chaque fin de semaine, nous déterminons un « jour à
nous » pour la semaine suivante. Jour où nous nous fixons un but de
balade, une activité particulière, des visites, à un moment où il y a moins de
monde que les samedis ou dimanches. Et où nous ne prévoyons aucun rendez-vous,
médical, associatif ou autre.
Et bien sûr, les voyages, toujours. LE voyage annuel et
souvent lointain, les escapades de quelques jours pour découvrir ou revoir des
endroits que nous aimons. Notre « maison repaire » dans les montagnes
pyrénéennes où nous sommes si bien.
Et le cinéma autant qu’on veut.
Voilà, tout ça c’est la théorie que nous voulons appliquer
pour vivre au mieux notre retraite.
La pratique amène quelquefois son lot de surprises, bonnes ou
mauvaises. Les 91 ans de maman font qu’elle peut avoir besoin de moi à tout
moment.
Et puis tout cela est tout nouveau dans ma tête, je ne sais
pas si je réalise vraiment.
Comment je le vivrai ? Je pense bien, mais on fera le
point dans quelques mois !
J adore ton texte il te ressemble tellement et il me ressemble sur de nombreux points et tout particulièrement notre travail à la banque mais surtout sur notre maman....Michèle
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