21 oct. 2022

Maryse

 

Tu étais la plus âgée des cousines, en concurrence avec Joëlle.

Déjà, Gérard nous a quittés en 2003, accident de moto…

Il était le seul cousin, celui que nous, les cousines, avons toujours regardé avec admiration. Celui qui était si heureux de piloter des avions.

Il ne reste plus que Joëlle, Nicole, Ghislaine, Christine et moi, dans le désordre. Ça ne fait pas beaucoup…

Heureusement, la génération suivante est là : Patricia, Fabrice, Céline, Stéphanie, Jérôme, Julien, Marion, Audrey, Vincent, Joan, Léo.

A part Joan et Léo, tous ont participé à créer une génération de plus, et ce n’est sans doute pas fini. Déborah, Aurore, Léo, on compte sur vous. Joan, là, on n’y croit pas trop… Je serais sans doute la seule cousine qui ne sera pas grand-mère, mais je respecte son choix.

Seul le petit Louis, le fils de Vincent, perpétuera le nom de Goze, mais tous sont en partie Goze, avec le caractère catalan qui y est lié. Et dont, on ne le niera pas, nous sommes un peu fiers, ce sont nos racines. Racines plantées là, à Ayguatebia !

Et toi, Maryse, tu nous as laissés, trop vite, trop tôt.

Beaucoup trop tôt !

Enfant, je te voyais surtout à Barejat, près de Mirepoix, là où tonton Albert et tata Jacqueline avaient leur élevage et leur exploitation. Une fois l’an, en été. Là seule fois où je suis montée sur un tracteur c’était là-bas.

Nous discutions dans ta chambre en feuilletant « Salut les Copains ». Tu étais fan de Johnny, j’avais 5 ans de moins, je n’y étais pas sensible, et l’admiration pour Julien Clerc ne m’avait pas encore touchée. Eh oui, il y a eu Juju avant Renaud…

Tu as rencontré très jeune celui qui allait devenir le père de tes enfants, Patricia et Fabrice. Et très tôt tu t’es mariée car à l’époque quand l’enfant s’annonçait il fallait « régulariser ».

Le père de Patricia et Fabrice est parti jeune, premier de la série d’accidents qui a aussi emporté le père de Joan puis Gérard.

Après un morceau de vie qui n’a pas du être facile pour toi, mais où on ne se voyait que très peu - je rentrais dans la vie d’adulte et ne venais plus trop dans notre petit coin perdu – tu as eu la chance de rencontrer Mane qui t’a redonné le goût du bonheur.

Mane qui t’a accompagné pendant une quarantaine d’année et jusqu’à la dernière minute, avec la discrétion et la gentillesse qui le caractérisent.

Mane qui doit se sentir bien seul dans votre maison de Perpignan.

Mane que nous espérons revoir dans notre coin perdu, dans le morceau de « maison Goze » qui t’était revenu. Il y sera toujours le bienvenu !

Il fait partie des Goze, comme tous les « Goze par alliance » : Gérard, Robert, Colette, Patrick, Philippe, Fabien. Et comme tous leurs enfants.

Nous revenions régulièrement à Ayguatebia depuis que nous avions apprivoisée la maison que papa avait restaurée au sein de la maison et des bâtiments agricoles de nos grands-parents qui se sont partagés en 5 puisque les cousines et cousin sommes issus de 4 frères et une sœur.

En face de notre maison donc, il y avait ta maison Maryse. Celle où tonton Albert a terminé sa vie.

Et nous nous voyions souvent, avec également Patrick et Ghislaine, et quelquefois Christine, Fabien, Vincent et d’autres.

C’étaient de bons moments partagés. Des apéritifs, des repas. On dressait des tables dans la cour commune, on prenait des chaises chez l’un ou l’autre selon les besoins. Ou, quand le temps ne le permettait pas, on se retrouvait dans notre maison, puisque nous avions une grande pièce et une grande table.

Chacun participait, les boissons, les plats, la vaisselle. Toujours dans une ambiance détendue, comme on peut l’être dans notre petit coin de paradis.

Le barbecue, remplacé ensuite par la plancha, ont beaucoup servi. Mane y était un précieux spécialiste.

Il y a eu des discussions animées, nous n’étions pas tous sur la même longueur d’ondes, politiquement parlant.

Maryse, toi qui avais la maison principale où nos grands parents et nos parents ont vécu, tu as eu la charge de vider le grenier.

Tu y as trouvé des photos anciennes de nos parents qui nous ont émus. Tu y as trouvé la médaille CGT de notre grand père et tout naturellement tu me l’as donnée.

Nous respections nos idées et ce geste m’a beaucoup touchée.

Tu avais la réputation d’avoir un caractère bien trempé, un caractère de catalane ? Tu disais les choses sans détour, et pour moi c’est une qualité. Et tu avais en même temps le cœur sur la main. Tu nous as proposé une chambre quand des amis nous rejoignaient, tu nous as fait goûter des spécialités car tu étais certainement la meilleure cuisinière de nous toutes.

Nous nous sommes donc retrouvées quelques années avant que tu ne partes. Et cela a été un bonheur pour moi.

Nous nous donnions des nouvelles régulièrement. Et quand j’ai appris ta maladie, cette saleté de crabe, j’ai cru que tu serais plus forte que lui. Tu parlais encore de projets de voyages. Tous les deux vous aimiez voyager, pas comme nous, pas en « itinérants », mais voir du pays vous ravissait.

En fin d’année 2021, tu as pu aller à Milan avec Mane et ta famille, et tu apprécié cette escapade chaleureuse.

A l’été 2022, les volets de ta maison ne se sont pas ouverts.

Tu n’étais pas en état de venir dans une maison de montagne faite d’escaliers. Tu nous as manqué !

Et chaque fois que nous devions passer te voir à Perpignan en venant ou en partant, tu étais en soins.

La dernière fois que je t’ai eue au téléphone, tu avais des sanglots dans la voix, toi qui étais toujours positive, qui avais toujours de l’espoir.

Tes enfants m’ont fait comprendre que tu n’allais pas bien du tout, et qu’il ne fallait pas se faire trop d’illusions.

Nous avions programmé un aller/retour à Perpignan sur deux jours, à la fin de ce mois. Tu ne nous as pas attendus.

Je le regrette, mais c’était sans doute mieux ainsi, il ne sert à rien de souffrir quand il n’y a plus d’espoir.

Je garde donc le souvenir de la Maryse que j’ai vue pour la dernière fois en 2021, toujours de bonne humeur, toujours en train de râler après ces escaliers étroits et raides, toujours accompagnée de Mane, si attentionné.

Je garde le souvenir d’une grande tablée, la dernière où nous avons été toutes les deux, un soir d’après fête du village, où ta fille, une de tes petites filles, Patrick, Ghislaine et une cousine de ta famille de Mirepoix étaient là.

C’était chaleureux, plein de rires et de bonne humeur.

C’était la dernière fois.

Beaucoup te regretterons, ta famille bien sûr, l’ancien policier qui tenait la buvette de Talau, Pierre, Françoise et Michel et tellement d’autres.

Au revoir Maryse.

Et vous, mes cousines qui êtes là, en forme, vous n’avez pas le droit de nous lâcher, ça suffit !

 

 

 

 

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire