Tu étais la plus âgée des cousines, en concurrence avec
Joëlle.
Déjà, Gérard nous a quittés en 2003, accident de moto…
Il était le seul cousin, celui que nous, les cousines, avons
toujours regardé avec admiration. Celui qui était si heureux de piloter des
avions.
Il ne reste plus que Joëlle, Nicole, Ghislaine, Christine et
moi, dans le désordre. Ça ne fait pas beaucoup…
Heureusement, la génération suivante est là : Patricia,
Fabrice, Céline, Stéphanie, Jérôme, Julien, Marion, Audrey, Vincent, Joan, Léo.
A part Joan et Léo, tous ont participé à créer une génération de
plus, et ce n’est sans doute pas fini. Déborah, Aurore, Léo, on compte sur
vous. Joan, là, on n’y croit pas trop… Je serais sans doute la seule cousine
qui ne sera pas grand-mère, mais je respecte son choix.
Seul le petit Louis, le fils de Vincent, perpétuera le nom de
Goze, mais tous sont en partie Goze, avec le caractère catalan qui y est lié. Et
dont, on ne le niera pas, nous sommes un peu fiers, ce sont nos racines. Racines
plantées là, à Ayguatebia !
Et toi, Maryse, tu nous as laissés, trop vite, trop tôt.
Beaucoup trop tôt !
Enfant, je te voyais surtout à Barejat, près de Mirepoix, là
où tonton Albert et tata Jacqueline avaient leur élevage et leur exploitation.
Une fois l’an, en été. Là seule fois où je suis montée sur un tracteur c’était
là-bas.
Nous discutions dans ta chambre en feuilletant « Salut les
Copains ». Tu étais fan de Johnny, j’avais 5 ans de moins, je n’y étais
pas sensible, et l’admiration pour Julien Clerc ne m’avait pas encore touchée.
Eh oui, il y a eu Juju avant Renaud…
Tu as rencontré très jeune celui qui allait devenir le père de
tes enfants, Patricia et Fabrice. Et très tôt tu t’es mariée car à l’époque
quand l’enfant s’annonçait il fallait « régulariser ».
Le père de Patricia et Fabrice est parti jeune, premier de la
série d’accidents qui a aussi emporté le père de Joan puis Gérard.
Après un morceau de vie qui n’a pas du être facile pour toi,
mais où on ne se voyait que très peu - je rentrais dans la vie d’adulte et ne
venais plus trop dans notre petit coin perdu – tu as eu la chance de rencontrer
Mane qui t’a redonné le goût du bonheur.
Mane qui t’a accompagné pendant une quarantaine d’année et jusqu’à
la dernière minute, avec la discrétion et la gentillesse qui le caractérisent.
Mane qui doit se sentir bien seul dans votre maison de
Perpignan.
Mane que nous espérons revoir dans notre coin perdu, dans le
morceau de « maison Goze » qui t’était revenu. Il y sera toujours le
bienvenu !
Il fait partie des Goze, comme tous les « Goze par
alliance » : Gérard, Robert, Colette, Patrick, Philippe, Fabien. Et
comme tous leurs enfants.
Nous revenions régulièrement à Ayguatebia depuis que nous
avions apprivoisée la maison que papa avait restaurée au sein de la maison et
des bâtiments agricoles de nos grands-parents qui se sont partagés en 5 puisque
les cousines et cousin sommes issus de 4 frères et une sœur.
En face de notre maison donc, il y avait ta maison Maryse. Celle
où tonton Albert a terminé sa vie.
Et nous nous voyions souvent, avec également Patrick et
Ghislaine, et quelquefois Christine, Fabien, Vincent et d’autres.
C’étaient de bons moments partagés. Des apéritifs, des repas.
On dressait des tables dans la cour commune, on prenait des chaises chez l’un
ou l’autre selon les besoins. Ou, quand le temps ne le permettait pas, on se
retrouvait dans notre maison, puisque nous avions une grande pièce et une
grande table.
Chacun participait, les boissons, les plats, la vaisselle.
Toujours dans une ambiance détendue, comme on peut l’être dans notre petit coin
de paradis.
Le barbecue, remplacé ensuite par la plancha, ont beaucoup servi.
Mane y était un précieux spécialiste.
Il y a eu des discussions animées, nous n’étions pas tous sur
la même longueur d’ondes, politiquement parlant.
Maryse, toi qui avais la maison principale où nos grands
parents et nos parents ont vécu, tu as eu la charge de vider le grenier.
Tu y as trouvé des photos anciennes de nos parents qui nous
ont émus. Tu y as trouvé la médaille CGT de notre grand père et tout
naturellement tu me l’as donnée.
Nous respections nos idées et ce geste m’a beaucoup touchée.
Tu avais la réputation d’avoir un caractère bien trempé, un
caractère de catalane ? Tu disais les choses sans détour, et pour moi c’est
une qualité. Et tu avais en même temps le cœur sur la main. Tu nous as proposé une
chambre quand des amis nous rejoignaient, tu nous as fait goûter des
spécialités car tu étais certainement la meilleure cuisinière de nous toutes.
Nous nous sommes donc retrouvées quelques années avant que tu
ne partes. Et cela a été un bonheur pour moi.
Nous nous donnions des nouvelles régulièrement. Et quand j’ai
appris ta maladie, cette saleté de crabe, j’ai cru que tu serais plus forte que
lui. Tu parlais encore de projets de voyages. Tous les deux vous aimiez
voyager, pas comme nous, pas en « itinérants », mais voir du pays
vous ravissait.
En fin d’année 2021, tu as pu aller à Milan avec Mane et ta
famille, et tu apprécié cette escapade chaleureuse.
A l’été 2022, les volets de ta maison ne se sont pas ouverts.
Tu n’étais pas en état de venir dans une maison de montagne
faite d’escaliers. Tu nous as manqué !
Et chaque fois que nous devions passer te voir à Perpignan en
venant ou en partant, tu étais en soins.
La dernière fois que je t’ai eue au téléphone, tu avais des
sanglots dans la voix, toi qui étais toujours positive, qui avais toujours de l’espoir.
Tes enfants m’ont fait comprendre que tu n’allais pas bien du
tout, et qu’il ne fallait pas se faire trop d’illusions.
Nous avions programmé un aller/retour à Perpignan sur deux jours,
à la fin de ce mois. Tu ne nous as pas attendus.
Je le regrette, mais c’était sans doute mieux ainsi, il ne
sert à rien de souffrir quand il n’y a plus d’espoir.
Je garde donc le souvenir de la Maryse que j’ai vue pour la
dernière fois en 2021, toujours de bonne humeur, toujours en train de râler après
ces escaliers étroits et raides, toujours accompagnée de Mane, si attentionné.
Je garde le souvenir d’une grande tablée, la dernière où nous
avons été toutes les deux, un soir d’après fête du village, où ta fille, une de
tes petites filles, Patrick, Ghislaine et une cousine de ta famille de Mirepoix
étaient là.
C’était chaleureux, plein de rires et de bonne humeur.
C’était la dernière fois.
Beaucoup te regretterons, ta famille bien sûr, l’ancien
policier qui tenait la buvette de Talau, Pierre, Françoise et Michel et
tellement d’autres.
Au revoir Maryse.
Et vous, mes cousines qui êtes là, en forme, vous n’avez pas
le droit de nous lâcher, ça suffit !
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