Marseille, c'est la ville où je suis née.
Je ne suis pas marseillaise. Je refuse cette "appellation".
Pourquoi? Parce que j'y suis née de parents non marseillais qui s'y sont installés pour travailler.
Papa est catalan, originaire d'un petit village perdu près de Font-Romeu.
Maman est des Alpes, d'un hameau perdu près de Barcelonnette.
C'est le hasard qui les a fait se rencontrer, c'est le hasard qui m'a fait naître à Marseille et m'y a fait vivre mes 13 premières années.
Au fond de moi je suis surtout catalane, car je me reconnais bien dans le caractère têtu des catalans.
Et quand je suis dans le petit village perdu où mon père est né, j'ai la sensation de me sentir chez moi.
J'ai l'impression que mes racines sont là.
Et puis ma vie a été surtout istréenne.
C'est à Istres que j'ai vraiment commencé ma vie professionnelle.
Mon fils c'est à Istres que je l'ai eu, même s'il est né à Martigues, et c'est là qu'il vit toujours.
Ma vie associative, mon apprentissage du militantisme, ça a commencé à Istres.
Si depuis bientôt 8 ans je suis installée chez mon amoureux, près d'Aix, et que j'y suis heureuse, c'est à Istres que je me sens dans ma ville.
Istres n'est pas belle et à mon sens ne fait pas grand chose pour le devenir.
Istres n'a pas de réelle vie touristique.
Il faut avoir des parents ou de la famille à Istres pour y passer des vacances, sinon ce n'est pas un lieu de villégiature.
Istres est gérée par un oligarque qui s'est enrichi au détriment des istréens et qui est pourtant réélu et encensé par une partie de la population car il sait les prendre dans le sens du poil.
Il a été écarté judiciairement de la vie politique et il y est revenu.
Certains istréens ont la mémoire courte...
Mais Istres vit, bouge, s'exprime.
Et Marseille?
Hier nous y avons passé la journée pour cause de révision de la moto de mon amoureux.
Une belle journée. Le soleil et le vent léger y ont bien participé.
Marseille est capable du meilleur comme du pire.
Tout en haut des escaliers qui bordent l'hôtel de ville, la vue est magnifique sur le Vieux Port et "la bonne mère".
Dans le quartier du Panier, une vie de village donne envie de flâner de discuter avec les habitants qui sont devant leur porte.
Au Vallon des Auffes on oublie que l'on est dans la 2ème ville de France, on est "au cabanon".
Aux Goudes ou à Callelongue, on a l'impression d'être au bout du monde et on y resterait des heures ou des jours.
Au Roucas Blanc, à nouveau, on est "au village".
Il y a plein d'autres endroits à citer, mais les guides le font mieux que moi.
Mais pour aller d'un quartier à un autre, il y a des "no man's land", des lieux qui semblent abandonnés par la municipalité, avec des ordures au sol et des voitures ventouses.
Marseille, dans l'ensemble, est sale. Une des villes les plus sales que je connaisse, et j'ai pas mal voyagé...
Et à Marseille on se fait huer, on se fait interpeller, si l'on ne démarre pas en 1/10ème de seconde au feu vert, si l'on s'arrête pour laisser passer un piéton, si on est immobile sur l'escalator et que celui qui est derrière est pressé.
Cela fait partie du folklore marseillais, mais ce folklore me dérange.
J'ai tellement pris de plaisir dans ces villes, Montréal, Stockholm et tant d'autres, où le calme règne, où l'on respecte l'autre.
Et puis la 2ème ville de France n'est pas à la hauteur de ce classement.
Si l'on veut déjeuner ou dîner en dehors des horaires "normaux", c'est quasiment impossible.
Les spectacles sont rares, vraiment trop peu nombreux pour une ville de cette importance. J'irais jusqu'à dire que la programmation culturelle, musicale, est indigente.
Alors oui, Marseille a la mer, les plages, que Paris ou Lyon n'ont pas.
Mais l'hiver, à part pour le plaisir des yeux, la mer a un rôle secondaire.
Et puis je me suis habituée à Aix qui vit tout le temps, soirs et week-end, et même s'il ne fait pas beau, et je trouve Marseille sinistre, aux mêmes moments, hors saison.
Mais le marseillais, le vrai, est-il prêt à entendre des critiques sur sa ville?
Alors voilà, je suis née à Marseille, j'y vais avec plaisir de temps en temps, rarement par hasard, mais je ne suis pas marseillaise.
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