9 mars 2014

Deux frères

Mes parents m'ont faite "fille unique".
Souvent cela s'associe dans l'esprit des gens à: capricieuse, égoïste, etc...
Je suis peut-être tout ça, peut-être pas, je ne sais pas me juger moi-même.
Tant que nous habitions dans une grande ville, je m'ennuyais, pas de frère ou de soeur à embêter.
Quand nous avons déménagé dans une petite ville, au moment où de petite fille je devenais jeune ado, je me suis fait des copains, des copines, une amie inséparable, je n'ai plus jamais souffert de mon statut de fille unique.
Je me disais toutefois que j'aurais deux enfants plus tard.
Joan est né, il n'a pas eu de frère ni de soeur. Son père voulait un deuxième enfant, moi j'avais l'impression (idiote j'en conviens) que je ne pourrais jamais aimer le deuxième autant que le premier.
Nous avons fait un "fils unique".
Peut-être est-il capricieux, égoïste, moi, avec mes yeux de mère je vois un fils dont je suis fière car il a des valeurs, celles que je souhaitais qu'il ait.
Et puis, au fur et à mesure de ma vie, celle ci m'a donné deux frères.
Un "grand frère", et c'est lui le premier qui a dit "ma soeur" en parlant de moi.
Daniel n'a pas de racines familiales, il est allé de familles d'accueil en familles d'accueil.
Nous nous sommes rencontrés à un moment de notre vie où nous n'allions pas bien lui et moi.
Nous avons parlé des heures.
Nous nous sommes aidés moralement, et à ce jour je ne sais pas si sans lui je me serais remise de cette foutue dépression.
Ses 8 ans de plus que moi l'autorisaient à me donner des conseils que je n'aurais sans doute pas supportés venant d'un membre de ma famille de sang.
Et quand Joan n'a plus eu de père, il a été un oncle, un parrain, un soutien incommensurable.
Je me suis remariée, il s'est remarié, j'ai quitté Istres pour aller 50 km plus loin, il a quitté Istres pour aller 350 km plus loin.
Mais rien ne coupera le lien de fraternité qui nous unit.
Et quand nous restons un moment sans nouvelle, nous saisissons le téléphone.
Puis j'ai eu un "petit frère", quelques années plus tard.
C'est également une sale période de nos vies respectives qui nous a réunis.
Et ensemble nous avons passé des moments inoubliables de fou-rires et de complicité.
La fameuse croisière sur le Napoléon Bonaparte, où il a joué mon compagnon à la perfection, au point de rendre jaloux tous les couples officiels, reste gravée dans nos mémoires communes et revient régulièrement dans nos souvenirs et nos propos.
Les chansons du groupe "Il était une fois" que nous reprenons à deux.
Filou est le plus fort pour organiser des soirées "joyeux quadras", qui sont devenues des soirées "joyeux quinquas". Des pique-nique au bord de l'eau dans des lieux improbables. Et des promenades archéologiques où nous l'écoutons comme on écoute un prof sympa.
Avec ses 4 ans de moins, j'ai toujours envie de le protéger quand il ne va pas bien. Même si c'est souvent lui qui m'a prise dans ses bras quand j'avais des gros chagrins.
J'ai un amoureux, lui aussi, nous nous voyons un peu moins souvent, mais ce lien, comme celui qui me relie à Daniel, est incassable, indénouable.
Je finis tous les mails et textos que je lui envoie par "bisous petit frère".
Et l'avantage d'avoir deux frères qui ne sont pas des frères de sang, c'est qu'ils sont très différents et ne sont pas spécialement fait pour s'entendre, mais quelle importance, entre eux ils ne sont pas frères!
Je crois bien que j'ai aussi deux soeurs.
Je vous en parlerai, plus tard.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire