18 sept. 2016

Ego photo

En septembre 2004, seule sur le Vieux Port de Montréal, j’avais quand même envie d’être sur une photo, j’ai inventé le selfie.
Pas de smartphone à l’époque (téléphone intelligent comme disent les cousins de la Belle Province), mais mon appareil photo numérique tout neuf.
Tant bien que mal j’ai réussi à me tirer le portrait, et cette photo, où les cheveux me mangent le visage car une brise soufflait, elle est pour moi le symbole de mon mois d’amour avec Montréal.
Maintenant il y a le smartphone ! Et l’on prend des photos à tire larigot avec.
Photos de mauvaise qualité, mais qu’importe, c’est plus facile à montrer aux copains.
Je ne dis pas que je ne me sers jamais de cet outil pour prendre des photos, il y a des instants sur le vif qu’il ne faut pas laisser passer.
Il y a des sourires amoureux qui font chaud au cœur.
Mais pour moi, une photo c’est quelque chose de réfléchi, de cadré avec précaution, face à un paysage beau ou étonnant, face à un endroit que l’on découvre avec bonheur.
Le paysage, l’endroit, me suffisent. Nul besoin de « faire poser » l’être aimé ou les personnes qui m’accompagnent.
L’inventeur de la perche à selfie a du gagner beaucoup d’argent. Tant mieux pour lui.
Mais pourquoi vouloir toujours se photographier, devant la Tour de Belém, la Pyramide du Louvre, ou tout autre lieu. Pour prouver qu’on y était ?
Je me souviens avoir attendu un quart d’heure devant le crocodile du Parc Guell pour pouvoir le photographier sans personne devant, et puis j’ai abandonné. 
Le beau crocodile de mosaïque est dans ma tête et pas sur mes photos.
Et puis j’aimais bien le temps où quelquefois un couple, ou un groupe demandaient : « vous pouvez nous prendre en photo s’il vous plait », et nous confiait son appareil.
Et l’on faisait très attention pour que la photo soit réussie.
Mine de rien c’était un moment de partage, même bref.
Alors oui, moi aussi je prends des photos de personnes, quand il y a une émotion à capter.
Quand Fabrice fait le clown tout en tenant une banderole.
Quand Danièle est épanouie parce qu’elle manifeste avec son fils.
Bien sur, le jour de mon mariage je suis sur les photos, avec les gens que j’aime.
Mais sinon, les gens que j’aime ils sont dans ma tête, et pas trop sur les photos.
Et la séance « mets-toi là, on va faire une photo » est toujours pénible pour moi, même si je m’y plie de bonne grâce.
Par contre, quand on en est à « attends, on va la refaire parce qu’untel a les yeux fermés », ma patience s’émousse vite…
Mon petit, mais performant, appareil photo numérique me suis la plupart du temps.
Je photographie un détail de façade, le Saint Laurent, des milliers de choses.
Je reviens rarement de vacances avec moins de 500 photos.
Sur quelques une mon amoureux est dessus, parce que je suis heureuse d’être où je suis avec lui.
Mais sur la plupart, vedette est donnée à ce que mes yeux admirent.
Vous l’avez compris, je hais la perche à selfie !



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