21 oct. 2017

Maman

« Maintenant j’ai l’impression que c’est toi ma maman », m’a dit ma maman en me souriant, vendredi matin, alors que nous prenions des renseignements dans une association d’aide à domicile.
Depuis cette phrase tourne dans ma tête.
Voilà arrivé le moment où le sens des choses s’inverse.
Maintenant maman compte sur moi pour ses rendez-vous médicaux, pour sa vie de tous les jours, pour son avenir.
Suis-je assez forte pour devenir la maman de ma maman ?
Je n’ai pas le choix, c’est mon rôle, celui qu’elle me donne et que je prends.
Maman a conscience qu’elle n’a plus la force qu’elle avait, la tête qu’elle avait, qu’elle est dépendante de ses proches, même si elle est toujours autonome dans la vie courante.
Maman a admis que la solitude n’était plus son amie, qu’elle devait être entourée.
Moi qui ai toujours redouté le moment où maman ne pourrait plus rester seule et où l’on serait obligé de la « placer » (quelle horrible expression), c’est elle qui est en demande d’assistance, qui est prête pour un avenir différent, plus sécurisé et plus sécurisant.
Elle parle de son déménagement, de ce qu’elle voudra emporter avec elle, elle est ravie de se dire qu’elle n’aura plus à se préparer de repas, qu’elle côtoiera du monde.
Son petit-fils qui l’aime tant et moi allons tout mettre en œuvre pour trouver l’endroit où elle sera bien, où nous pourrons lui rendre visite souvent, et où elle ne sera plus seule.
Cela arrive au moment où je suis à la retraite, où je peux prendre plus de temps pour moi, comme si la vie faisait bien les choses.
Alors les semaines à venir vont être chargées, en démarches, en paperasses, en déménagement.
Bien que fille unique, je sais que suis épaulée par Joan et par mon amoureux, et que cela m’aidera énormément. Que des moments qui pourraient tristes pourront être gais grâce à eux, grâce au fait que l’on soit ensemble.
Ainsi va la vie. Maman décline, je me sens encore la force de l’assumer, même si je suis quelquefois déroutée par des propos un peu incohérents, même si quelquefois mon manque de patience me culpabilise.

Un jour Joan devra m’assumer, et j’espère que je serai aussi facile à vivre que maman.

1 commentaire:

  1. Même remarque même comportement, quand j'ai avec Maman je lui faisais parlé de sa vie, son enfance, sa vie avec mon père ....etc....etc
    Jusqu'au bout elle a eu une bonne mémoire et ta Maman même si la maladie est de plus en plus présente aura toujours son vécu en tête. Courage mon amie c'est une période difficile mais avec tellement de joie aussi.....et si tu veux j' ai une bonne oreille pour la bavarde que je suis. Bises

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