7 sept. 2018

Merci Mr S.....


Il faisait beau, soleil pas trop agressif, le temps idéal pour aller déjeuner à l’Isle sur la Sorgue.
Le samedi on arrive encore à se garer, c’est le dimanche qu’il faut éviter. Certes les étals d’antiquaires sont beaux, mais à prix d’américains.
Arrivés à 11h30, nous longeons la Sorgue côté restaurants.
Il n’est pas encore dans son repaire.
Nous faisons un tour dans le centre, très animé à cette heure-là, et encore empli de touristes.
A midi nous retournons sur les bords de Sorgue.
Il est là, sur la terrasse de son restaurant habituel.
A vrai dire, il faut un œil averti comme le mien pour le reconnaître…
De trois quarts dos, et dos tourné à la terrasse, table du fond.
En face, un motard et un jeune homme qui, je crois, l’accompagne toujours, et qui a un regard bienveillant.
Nous demandons à être installés sur la même terrasse, non, pas de l’autre côté de la rue !
Bien sûr, mon amoureux lui tournera le dos, car je tiens à garder l’œil sur sa table.
Une canette de Coca devant lui, je suis contente, pleine d’illusions.
Mais un moment plus tard la serveuse lui apportera un grand verre avec des glaçons, et sans doute du whisky, ça en a la couleur, dans lequel il versera du Coca.
Le patron surveille, fait signe « non » du doigt à des personnes qui envisageaient de le photographier.
Plus tard, la serveuse fera barrage de son corps pour le cacher quand elle repère sur la terrasse de l’autre côté de la rue des personnes prêtes à utiliser leur téléphone pour prendre des photos.
Les journaux à scandale ont pris tellement de plaisir à publier des photos où il inspire la pitié qu'on peut le reconnaître.
Je n’ai jamais cherché à le prendre en photo ailleurs que sur scène.
J’allais quelquefois lui parler, à ce même endroit, il y a 3 ou 4 ans, le remercier pour ses textes.
Là, je le sens trop ailleurs pour aller lui parler. 
Et je le respecte trop pour l’importuner.
Mais ça bouillonne à l'intérieur de moi. 
J’ai envie de lui transmettre quelque chose, de communiquer avec lui.
Je trouve un papier dans mon sac où j’écris quelques mots, des remerciements toujours, pour tous les moments de bonheur qu’il m’a apporté.
J’écris « Merci Mr S…..  La vie peut être belle »
Je signe de mon prénom.
Je me lève en disant au patron que je ne vais pas l’importuner, et je dépose doucement mon papier devant lui.
Il le lit, longuement, ne bronche pas.
Il ne bronchera jamais, quand des connaissances viennent l’embrasser, quand on le salue en disant son prénom.
Il est ailleurs. Loin.
Je ne sais pas si je suis triste ou gaie, tout se mélange en moi, mais je l’ai vu !
Dans l’après-midi nous allons à St Rémy de Provence.
Un attroupement sur la place du village.
Charles Aznavour dans une grosse voiture diplomatique, du monde autour, il discute avec les personnes qui se penchent à la portière.
Un monsieur qui a vu que je l’avais vu me dit : « venez, c’est Charles Aznavour ! ». 
Est-ce une bête de foire ? Je n’ai rien à lui dire, pas envie de le photographier.
Sur la route du retour, il faut s’arrêter dans une grande surface pour remplir notre frigo. Nous avons des préoccupations très terre à terre aussi…
Leclerc à Istres, comme il y a quelques années.
Et là je vois, pour la 1ère fois depuis 14 ans Béa, ma Béa, ma grenouille.
Mais c’est une autre histoire.
Il y a des jours chargés d’émotion, des jours dont on met longtemps à se remettre…

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