Hier, comme nous l’avions prévu, nous sommes allés à
Marseille.
Pour plusieurs raisons :
-
Un rassemblement à l’appel de notre syndicat,
-
Des amis qui dédicaçaient leur livre dans le cadre
des 75 ans du journal « La Marseillaise »,
-
Le concert de Bénabar au Dôme, prévu de longue
date.
Nous partons en fin de matinée, le temps est clément, il y a
longtemps que nous n’avons pas déjeuné à Marseille.
Une crêperie nous tend les bras, nous l’avions déjà testée, et
elle n’a pas démérité.
Puis nous rejoignons le lieu du rassemblement, nous y
retrouvons Danièle, Marie-Laure, Francis, et j’y vois aussi les camarades que je ne salue plus,
le culturiste et d’autres.
Après une prise de parole nous rejoignons le cortège de
défense des mal-logés de Marseille que nous retrouvons sur la Canebière.
Danièle y retrouve Julie, et c’est à quatre que nous
continuons notre avancée.
Julie nous dit que la semaine précédente le même cortège a été
mal reçu devant la mairie de Marseille. Nous ne sommes pas téméraires, nous
commençons à fatiguer : nous optons pour une brasserie sur le Vieux Port.
Bien installés, nous discutons de choses et d’autres, nos
jambes apprécient le repos, et nous avions soif aussi.
Julie nous dit qu’elle sent une odeur de brûlé. Effectivement,
il commence à y avoir du mouvement sur le Vieux Port ! Les forces de l’ordre
ont chargé devant la mairie, et les manifestants se rabattent là. Les grenades
lacrymogènes fusent et les bruits nous font comprendre que la violence fait
rage.
Nous pensons rester dans la brasserie jusqu’à ce que cela se
calme, mais on nous fait sortir pour fermer les lieux.
Foulard sur le visage, nous sortons, dans cette atmosphère
enfumée et peu engageante.
Nous allons vers La Marseillaise, à deux pas heureusement.
Nous y retrouvons Med et Léo, présences rassurantes. Ils nous
dédicacent leur dernière publication pour mon archéologue préféré.
Je fais le tour des stands et repars avec quatre ouvrages. Je
ne sais pas résister aux livres…
Descente dans le parking où nous attend sagement la 208. Nous
angoissons sur la possibilité de sortir en voiture, l’endroit étant circonscrit
par les policiers et les manifestants.
Nous sortirons finalement sans encombre et le GPS nous guidera
vers le Dôme où nous allons voir le concert de Bénabar.
Une fois un peu éloignés, et rassurés, j’envoie quelques
textos pour avoir des nouvelles des copains et pour rassurer mon fils qui nous
savait à Marseille.
Danièle, Julie, Marie-Laure sont hors de danger.
Du côté du Dôme c’est bien plus calme.
Nous avons un peu de temps pour manger un kébab avant le
concert.
Puis, après plusieurs fouilles, passage de portique, etc… nous
rejoignons nos places réservés.
Contents d’être là !
Derrière nous, des chaises vides.
Quelques minutes avant l’heure de début du concert, mon
amoureux me dit : « il y a Renaud ». Je pense qu’il y a juste
quelqu’un qui lui ressemble…
Et c’est bien Renaud, accompagné de trois personnes, qui vient
s’asseoir juste derrière nous, derrière moi !
C’est tellement inattendu. Mon cœur bat la chamade.
Je me retourne et lui demande si je peux lui serrer la main.
Il me tend sa main en souriant, et sa poigne est ferme.
Je le remercie, comme je l’ai fait plusieurs fois déjà à l’Isle
sur la Sorgue. Il sourit, ne dit rien, mais son sourire est éloquent.
Bénabar arrive, toujours bondissant, il fait le show, le fait
bien, plaisante.
Je l’apprécie, comme toujours, mais là c’est différent, Renaud
est derrière moi. Par moment son genou est contre mon épaule, et je me dis « c’est
le genou de Renaud ». Oui, j’ai 62 ans, mais là j’en ai 16.
Il applaudit souvent, vers la fin il se lèvera pour la
standing ovation.
Un peu avant la fin il allume une cigarette et en tire
quelques bouffées avant de l’éteindre. A côté de moi une personne semble ne pas
apprécier, et je lui dis : « c’est déjà tellement bien qu’il soit là »,
et elle acquiesce.
Je ne peux m’empêcher de me retourner discrètement de temps en
temps pour l’entr’apercevoir.
Il s’est déplacé pour voir un chanteur. Il s’intéresse donc
toujours à ce qu’il se passe dans le monde musical.
Il part avec ses trois amis dès que la lumière se rallume. Le
regard bienveillant que le public autour de lui porte sur lui fait chaud au cœur.
Certes, il n’est plus celui qu’il a été. Justement je m’étais arrêtée
devant sa photo, parmi toutes les photos accrochées dans le hall de ceux qui
ont chanté ici. Il était jeune, avec ce physique et ce sourire qui me faisaient
craquer. Il a changé. Mais il était là ce soir.
Je suis heureuse.
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