Depuis plus d’un an et demi, j’ai un nouveau statut :
« retraitée ».
Cette retraite je l’attendais et je l’ai prise avec un immense
plaisir.
Je n’ai pas eu à l’attendre avec impatience puisque je n’étais
pas sûre de pouvoir la prendre à 60, et c’est lors de mon rendez-vous à la
CARSAT que l’on m’a dit que je pouvais la prendre dès le mois suivant.
Je suis sortie et j’ai pleuré de joie.
Mon travail ne me pesait pas énormément puisque j’étais
« permanente syndicale » depuis quelques temps, et que donc le
Conseil de Prud’hommes et le militantisme syndical étaient déjà mon quotidien.
Mais ne plus avoir le statut d’ «employée de
banque », vu ce qu’était devenu le monde de la banque, c’était un grand
soulagement.
Alors au passage j’y ai perdu 200€ mensuels, mais je fais
avec.
Depuis, mon temps est rempli, toujours par le militantisme et
les Prud’hommes, mais aussi par des séances de cinéma l’après-midi pour voir
mes films d’auteurs préférés et les épargner à mon amoureux, par des journées
avec maman, puisque maintenant nous ne sommes plus obligés d’y aller les
samedis et mon amoureux est aussi déchargé de cela. Et puis des moments amicaux
avec les gens que j’apprécie, des déjeuners qui se prolongent…
Je me lève donc toujours quasiment aussi tôt que lors de ma
vie « active », et je suis le rythme week-end et congés de mon
amoureux qui lui n’a pas atteint l’âge requis.
Donc, on peut penser que rien ne change vraiment.
Et je suis parfois étonnée de voir des connaissances qui
pourraient faire valoir leur droit à retraite et qui préfèrent continuer à
travailler. Pas forcément pour des raisons financières ou parce que leur boulot
les passionne. Surtout par peur de ce vide que peut représenter le mot retraite
pour eux.
Et c’est vrai que dans notre société, quand on se présente
comme « retraité.e », le regard que l’on pose sur nous est différent.
Des phrases comme « toi qui es à la retraite, tu as le
temps », j’en entends souvent.
Et oui, du temps j’en ai plus, mais mon rythme de vie s’est
adapté à ce surplus de temps, et je n’ai donc jamais l’impression d’être
désœuvrée.
Hier nous étions 8 amis à la maison, j’étais la doyenne, 30
ans d’écart avec le benjamin. Tous dans la vie active encore. Et quelque part,
oui, même si eux ne font pas de différence entre eux et moi, d’autant plus que
nous militons ensemble, pour moi il y avait une différence que je n’arrivais
pas à définir.
Alors il faut apprendre à écarter les idées reçues :
Non, les retraités n’ont pas forcément beaucoup de temps,
Non, les retraités ne sont pas étrangers à la vie active,
surtout s’ils s’intéressent toujours à ceux qui y sont encore,
Non, les retraités ne sont pas vieux, enfin pas dans leur tête
en tous cas.
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