Cela va faire bientôt un mois que maman a quitté sa grande maison isolée de Pélissanne pour venir habiter dans une résidence senior à Aix.
Elle nous a fait ce plaisir, nous a donné cette sérénité: la sentir en sécurité.
Je passe sur toutes les démarches à accomplir pour trouver "l'endroit idéal" pour elle, puis pour finaliser son emménagement. Rien n'est simple.
Le mois précédent le départ, à partir du moment où le jour du départ a été fixé, n'a pas été facile.
Pour elle, pour nous qui ne savions pas si ce que nous faisions pour elle était bien ou pas.
Il y a toujours des personnes pour nous culpabiliser, et nous avons entendu de tout:
"il faut la laisser chez elle avec quelqu'un qui soit là pour s'en occuper": oui, on la trouve où la personne idéale et toujours disponible?
"il faut la prendre avec vous": je cours le risque de sacrifier mon couple et maman ne sera pas mieux chez nous dans un environnement qu'elle ne connait pas et dans un village où il n'y a pas ou peu d'occupations pour elle.
Alors j'arrête de culpabiliser, l'endroit que l'on a trouvé est fait pour les personnes de son âge, avec des occupations et des animations pour les personnes de son âge, avec une présence 24h/24, et un petit appartement bien à elle où l'on emmène les meubles qu'elle a choisis. Et à deux pas du centre d'Aix où les possibilités de balades sont grandes.
Maman est désorientée à l'idée de quitter la maison où elle a emménagé avec papa en 1991.
Maison qu'ils ont fait construire à leur goût, pour leur retraite, mais qui est maintenant tellement trop grande pour elle seule.
Maison qui a pris de l'âge et qui de temps en temps se retrouve sans électricité, ou avec une gouttière, avec des canalisations bouchées, bref,avec tous ces petits tracas que l'on a dans une maison.
Et maman seule dedans.
Des voisins charmants et très serviables, certes, mais qui ne sont pas corvéables à merci.
Maman prépare ses cartons, elle ne veut pas trop de notre aide.
Le contenu des cartons est parfois étonnant.
Des choses inutiles à emporter, et d'autres, quasi indispensables, qui ne sont pas préparées.
Le jour J, mon amoureux, qui conduira le fourgon de déménagement, mon précieux fils et d'anciens voisins de maman, fort serviables, nous essayons de rationaliser le chargement.
Maman s'attarde sur des bricoles qui nous semblent à nous sans intérêt, mais pas à elle.
Nous fermons la porte de Pélissanne, je garde les clefs.
Direction Aix.
Nous déjeunons avec nos amis Danièle et Fabien, qui seront nos aides précieux pour l'emménagement, et qui seront les plus proches voisins de maman.
Il faut maintenant décharger le contenu du fourgon.
Maman est au milieu de son appartement, un peu perdue.
Je reste avec elle, mon poignet fraîchement déplâtré me dispense de port de charges.
Les trois hommes et Danièle s'activent, dans la bonne humeur.
On s'aperçoit rapidement que des choses utiles n'ont pas été prises...
Une fois les meubles placés, la télé branchée et vérifiée, nous préparons son lit.
Ce lit qui vient de mes grands parents, de ses Alpes si chères, qui lui permet de se sentir comme chez elle.
Nous la laissons en fin de journée. Danièle lui tient compagnie encore, l'aide à défaire quelques cartons, jusqu'à l'heure du dîner que maman prendra avec les autres occupants.
Nous repassons le dimanche. Mon amoureux prend des mesures pour finaliser son installation.
Maman est à la fois "languissante" mais aussi plutôt sereine. Elle a bien dormi pour sa première nuit dans son nouveau chez elle.
Et voilà, une des dernières pages de sa vie qui s'ouvre.
Avec Danièle, nous l'emmenons boire un café sur le cours Mirabeau.
Danièle lui présente toutes les boutiques de la rue d'Italie, avec lesquelles elle se familiarisera peu à peu.
Le samedi suivant, nous fêtons avec elle l'anniversaire de son petit fils.
Elle semble heureuse de sortir dans Aix avec nous, de se balader dans les rues du viel Aix.
Depuis, je passe régulièrement, nous prenons le temps d'une balade, d'une boisson en terrasse.
Avec mon amoureux nous essayons d'équiper au mieux son nouveau chez elle.
Nous faisons des allers/retours à Pélissanne, pas trop avec maman, peur de la nostalgie, mais avec mon amoureux, avec Joan.
Nous récupérons ce qu'elle a oublié.
Et puis hier nous avons attaqué le plus dur: commencer à vider une maison qui s'est remplie au fil du temps.
Qui s'est surtout remplie ces derniers temps avec la frénésie de commandes de maman...
Il va falloir prendre, donner, vendre tout ce passé.
Pour l'instant il faut surtout recenser tout ça.
Joan, hier, a été un formidable soutien qui m'a fait surmonter cette nostalgie empreinte de culpabilité.
Il a commencé à rassembler les choses éparpillées, quelquefois surprenantes.
Nous ne connaissions pas forcément maman telle qu'elle est depuis quelques années, depuis que la solitude et l'âge l'ont faite décliner.
Maintenant c'est moi qui gère ses rendez-vous médicaux, ses comptes, ses factures, je deviens pour elle ce qu'elle était pour moi dans les premières années de ma vie.
De la sentir apaisée n'a pas de prix.
Merci à elle d'avoir accepter ce changement,
Merci à mon fils et à mon amoureux de m'avoir apporté tant de soutien dans ce passage difficile.
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