En manque de liberté(s)
Je tiens à préciser d’abord que
ce post n’est pas une plainte, ce serait indécent.
Libre, je le suis par rapport à
toux ceux qui vivent dans des pays totalitaires, ou qui n’ont de démocratiques
que le nom.
Encore qu’actuellement je trouve
que le gouvernement de notre pays dit démocratique prend des décisions sans se
soucier de l’avis des acteurs politiques que nous avons élus, et s’éloigne de cette
démocratie.
Libre, hors crise sanitaire, hors
pandémie, je le suis par rapport à ceux qui, même en dehors de ces évènements,
ne peuvent pas se permettre d’aller au restaurant, au spectacle, et encore
moins de voyager. Faute de moyens.
Je fais partie de la fameuse « classe
moyenne », et la période que nous traversons n’a pas affecté mes revenus.
Mais je me sens privée de libertés,
des petits et grands plaisirs qui rendent la vie belle.
Bien sûr, l’époque est
particulière.
Et je n’avais jamais vécu
de pandémie.
Bien sûr, même si je ne suis pas
certaine de l’exactitude des chiffres que l’on nous assène à longueur de temps,
je réalise bien qu’un danger est là.
Je le réalise d’autant plus
depuis qu’un ami en est à son 6ème mois d’hospitalisation, et que,
même si le bout du tunnel n’a jamais été aussi proche pour lui, il risque fort
de garder des séquelles.
Mais pourquoi dois-je rentrer
chez moi à 18h ?
Pourquoi je peux, dans la
journée, « dans le respect des gestes barrières », me mêler à la
clientèle nombreuse d’un supermarché, prendre un bus ou une rame de métro ?
Et pourquoi, à 18h tapantes, je
dois être sagement chez moi, sans pouvoir envisager, toujours « dans le
respect des gestes barrières », d’aller au cinéma, de voir un film ailleurs
que dans mon salon ?
Pourquoi il est plus risqué d’aller
au cinéma, au théâtre, où la distanciation physique est pratiquée, que dans un
moyen de transport en commun où la distanciation physique n’est pas applicable ?
Pourquoi je ne peux pas profiter,
un jour de beau temps, de ce petit plaisir qu’est ce fameux café que l’on boit
en terrasse, à l’air libre, assis ?
La plupart des cafés, pour
survivre, vendent des cafés dans des gobelets en carton, que l’on boit debout,
souvent en groupe et forcément sans masque. Le risque serait-il plus grand de
le boire assis à une table, à distance raisonnable des autres, dans une vraie
tasse, en prenant le temps de savourer l’instant ?
Pourquoi je peux inviter 4
personnes (puisque nous sommes 2) à déjeuner, et pourquoi je ne peux pas les
inviter à dîner ?
Pourquoi me considère-t ’on comme
un être non doué de raison qui se laisserait aller quand il fait nuit à me
rapprocher dangereusement de mes convives ?
On ne s’embrasse plus, et, même si
j’ai envie de serrer dans mes bras mon fils, maman, mes amis, je comprends que
ce satané virus existe et que je ne dois pas prendre de risque et ne pas en
faire courir aux autres.
Je mets un masque pour sortir,
et, même si j’ai de la buée sur mes lunettes, même si régulièrement j’ai une
farouche envie de l’enlever pour prendre une grande inspiration, je comprends
que ce masque me protège et protège les personnes que je côtoie.
Mais avec ce masque, qui
justement me protège et protège les autres, pourquoi je ne peux pas visiter un
musée ?
J’ai l’impression de vivre à moitié.
Et j’ai l’impression que la
gestion de cette crise sanitaire n’est pas logique.
On nous a dit que les masques ne
servaient à rien, et maintenant on ne peut sortir sans.
On nous a dit que la vaccination
règlerait le problème, mais les vaccins arrivent au compte-goutte, sont
programmés puis déprogrammés, et je n’ose pas prévoir quand je pourrai
bénéficier de ce sésame pour retrouver une liberté de déplacement.
Les voyages sont ma passion et je
ne peux en prévoir pour l’instant, tous les pays, et c’est normal, se protègent.
Aujourd’hui nous avons passé un excellent moment avec des amis, pas plus qu’autorisé. Nous avons échangé à
bâtons rompus autour d’un délicieux repas préparé par notre précieuse Manue. Et
puis, l’un de nous à regardé l’heure et il fallait partir. Rapidement.
J’ai fait le plein de
convivialité, de partage. J’ai savouré mon plaisir dans cette période où la vie
sociale est réduite à peau de chagrin.
Je ne suis pas à plaindre, mais,
oui, j’ai besoin de retrouver de la liberté, j’ai besoin que l’on me considère
comme assez adulte et responsable pour vivre sans me mettre en danger ni mettre
en danger les personnes qui m’entourent.
Je voudrais que l’état nous fasse
confiance et se préoccupe surtout de la priorité vaccinale.
Je voudrais qu’il ait conscience
de l’état moral dans lequel il plonge les plus fragiles, les plus précaires.
Je voudrais qu’il nous protège
avec logique et pas avec des interdictions qui en sont souvent dénuées.
Très belle analyse.
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