29 mai 2021

 

J’ai réservé lundi au « Bouchon » pour mercredi. Je craignais qu’il y ait un monde fou avec la réouverture des terrasses.

Mercredi, temps idéal, juste un peu d’air. Nous arrivons assez tôt pour nous balader dans la ville, boire un café sur une petite place.

Le café en terrasse le matin, un plaisir indicible.

Puis, il est presque midi et nous nous dirigeons vers le Bouchon.

Je le vois immédiatement, à sa table habituelle, tout contre l’entrée du restaurant.

La serveuse nous propose une table en bord de Sorgue. Non, je ne suis pas venue pour entendre et voir couler la rivière.

Nous avons donc une table près de la sienne.

Il est avec un de ses compagnons de route, le plus âgé.

Ma première impression n’est pas bonne.

Je lui souris, mais avec le masque… Il ne réagit pas.

Il boit quelque chose qui ressemble à de la grenadine, son comparse boit du Perrier : pas d’alcool sur la table.

Les cigarettes oui, une après l’autre.

Il me regarde souvent, longuement. Je crois qu’il me reconnait.

Si ses gestes sont malhabiles, son cerveau fonctionne très bien. Il salue les habitués de passage, répond à son comparse.

Le sourire n’est pas fréquent, il y a longtemps qu’il ne sourit quasiment plus…

Comme d’habitude, j’y vais de mon petit mot. Juste des remerciements pour ce qu’il a apporté dans ma vie, et je lui demande de prendre soin de lui, nous sommes si nombreux à l’aimer.

Je dépose le mot sur sa table en allant aux toilettes. Il me remercie immédiatement.

Je ressors et nous nous apprêtons à partir.

Il me regarde, me remercie, à haute et intelligible voix. Trois fois. Et met sa main sur son cœur. Il sourit.

Je n’avais jamais eu droit à une manifestation si sincère.

Je suis touchée à en pleurer, j’aurais envie de rester là, de regarder son sourire, de le graver.

J’appréhendais de venir, je repars avec un superbe cadeau.

Il y a de l’espoir, toujours.

Il n’a pas besoin de demandes de selfies, d’autographes, il a juste besoin de sentir que nous sommes encore, toujours, nombreux à l’aimer, à lui être reconnaissants pour tout ce qu’il a écrit.

Je ne sais pas si la médecine peut faire des miracles, si lui peut avoir la volonté qu’un miracle se produise, mais il est là. C’est encore et toujours lui, le poète déchiré et si talentueux. Celui qui m’a donné la chair de poule tant de fois.

J’espère pouvoir aller encore souvent à l’Isle sur la Sorgue !

Merci Monsieur Séchan

 

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