21 janv. 2022

Prud'hommes, dernière année

 

Ce lundi avait lieu l’assemblée générale du conseil de Prud’hommes.

Assemblée où s’élisent les président et vice-président du conseil, ainsi que les conseillers référistes pour l’année 2022.

Je ne vais pas m’étendre sur le fait que l’organisation syndicale à laquelle j’adhère, et qui a le plus de conseillers dans le collège salarié, n’a eu aucun poste. Les autres organisations syndicales s’étant regroupées pour voter pour l’un des leurs.

Je devrais m’habituer à ce système inique, mais je n’y arrive pas. Et ce sont les dirigeants de mon organisation syndicale qui refusent toute alliance, eux qui, dans leur tour d’ivoire, reconnaissent ouvertement ne rien comprendre aux Prud’hommes.

Mais j’aurais tant à dire sur la différence entre les vrais militants, ceux qui sont sur le terrain, se battent au quotidien, ceux qui font que je suis toujours adhérente et me permettent de croire qu’il y a de vraies valeurs dans le syndicat que j’ai choisi, et ceux qui « gèrent » l’organisation comme une entreprise, en n’ayant plus travaillé dans leur entreprise initiale depuis des années, et ne voulant surtout jamais y retourner. Ceux-là restent au chaud sauf quand les media sont là et qu’ils tiennent à être sur la photo. Bref, ceux qui font qu’une grande partie des salariés n’ont pas confiance dans les syndicats et considèrent, quelquefois à juste titre, les syndicalistes comme des planqués.

Mais j’aurais tant à dire sur ce système, que je ferai un article là-dessus, et, qui sait, m’épancherais sans doute dans les media.

Après cette disgression, je vous fais part de ma petite victoire intérieure : j’ai eu 2 voix de plus que celles venant de mon organisation syndicale. Donc 2 dissidents n’ont pas suivi les ordres du pacte sacré. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est bon pour l’égo.

Mardi, c’était l’assemblée générale de ma section, celle du commerce.

Et ensuite nous avons, à quelques-uns, établi le roulement des audiences pour 2022.

Et là j’ai réalisé que l’élaboration de ce calendrier, que nous faisons chaque début d’année judiciaire, c’était la dernière fois que j’y participais. Et j’ai ressenti une mélancolie, une morosité qui m’ont fait partir avant la fin, laissant mes camarades finir ce travail fastidieux mais plaisant car l’entente y est bonne.

L’année 2022 sera donc ma dernière année Prud’homale.

J’ai beaucoup aimé cette activité que j’aurais exercé 14 ans.

Elle m’a ouvert sur autre chose que le travail, le militantisme dans le travail. Elle m’a fait toucher du doigt ce que vivaient les salariés de certaines professions, elle m’a éclairée sur la différence qu’il peut y avoir entre les patrons. Tous ne sont pas à blâmer, mais ceux qui sont assignés aux Prud’hommes ont souvent franchi la ligne rouge. Mais j’ai aussi vu que tous les salariés n’étaient pas exemplaires.

J’ai aimé écouter les plaidoiries. Certains avocats sont très forts, certains manient la mauvaise foi avec habileté, certains utilisent des arguments totalement déplacés, n’ayant rien à voir avec le litige en cause. Mais espèrent ainsi faire pencher les juges que nous sommes dans leur sens.

J’ai quelquefois baillé discrètement, tous les avocats ne sont pas passionnants, certains se répètent beaucoup.

J’ai aimé délibérer, dans le secret d’une salle où nous nous retrouvons à 4, 2 conseillers employeurs, 2 conseillers salariés. Aucun délibéré ne ressemble à un autre, il y a tellement de personnalités différentes. Certains se passent très bien, en bonne entente, le Code du Travail étant le principal artisan de la situation et de la décision. D’autres sont très animés… Dans les 2 collèges (employeurs et salariés), il y a les conseillers qui défendent coute que coute la théorie selon laquelle le salarié, ou le patron, a toujours raison. Et il y a ceux qui acceptent de reconnaître des torts, d’un côté ou de l’autre. J’avoue avoir quelquefois l’impression, quand le salarié gagne et que le patron est condamné, que les dommages et intérêts sortent de la poche des conseillers employeurs. Cela peut donner lieu à des « discussions de marchands de tapis » pour fixer un montant. Et autant je peux entendre que condamner lourdement un petit patron peut mettre à mal sa société, autant je ne peux pas comprendre les états d’âmes lorsqu’il s’agit de sociétés du CAC 40.

Les organisations syndicales patronales ou salariées donnent leurs indications à leurs conseillers adhérents. J’ai souvent l’impression que les employeurs reçoivent des directives de leurs syndicats patronaux qu’ils se doivent de respecter. Je me sens plus libre dans mes décisions quand je suis en accord avec ma conscience, et je n’ai jamais pris une décision pour « plaire » à mon organisation syndicale.

Comment va se passer cette dernière année ?

Quelques conseillers ont disparu du paysage et ne siègent quasiment plus, se faisant remplacer.

Il restera donc plus de travail pour ceux qui siègent toujours. J’en suis contente.

Et 2023 ? Ça sera sans cette activité qui me prend un certain temps, un temps certain. Comment le vivrai-je ? On verra…

Ce sera un autre chapitre de ma retraite, que j’espère émaillée de voyages. J’en ai déjà plusieurs en tête. J’en reparlerai.

 

 

 

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