Ce lundi avait lieu l’assemblée générale du conseil de
Prud’hommes.
Assemblée où s’élisent les président et vice-président du
conseil, ainsi que les conseillers référistes pour l’année 2022.
Je ne vais pas m’étendre sur le fait que l’organisation
syndicale à laquelle j’adhère, et qui a le plus de conseillers dans le collège
salarié, n’a eu aucun poste. Les autres organisations syndicales s’étant
regroupées pour voter pour l’un des leurs.
Je devrais m’habituer à ce système inique, mais je n’y arrive
pas. Et ce sont les dirigeants de mon organisation syndicale qui refusent toute
alliance, eux qui, dans leur tour d’ivoire, reconnaissent ouvertement ne rien
comprendre aux Prud’hommes.
Mais j’aurais tant à dire sur la différence entre les vrais
militants, ceux qui sont sur le terrain, se battent au quotidien, ceux qui font
que je suis toujours adhérente et me permettent de croire qu’il y a de vraies
valeurs dans le syndicat que j’ai choisi, et ceux qui « gèrent »
l’organisation comme une entreprise, en n’ayant plus travaillé dans leur
entreprise initiale depuis des années, et ne voulant surtout jamais y
retourner. Ceux-là restent au chaud sauf quand les media sont là et qu’ils
tiennent à être sur la photo. Bref, ceux qui font qu’une grande partie des
salariés n’ont pas confiance dans les syndicats et considèrent, quelquefois à
juste titre, les syndicalistes comme des planqués.
Mais j’aurais tant à dire sur ce système, que je ferai un
article là-dessus, et, qui sait, m’épancherais sans doute dans les media.
Après cette disgression, je vous fais part de ma petite
victoire intérieure : j’ai eu 2 voix de plus que celles venant de mon
organisation syndicale. Donc 2 dissidents n’ont pas suivi les ordres du pacte
sacré. Ce n’est pas grand-chose, mais c’est bon pour l’égo.
Mardi, c’était l’assemblée générale de ma section, celle du
commerce.
Et ensuite nous avons, à quelques-uns, établi le roulement des
audiences pour 2022.
Et là j’ai réalisé que l’élaboration de ce calendrier, que
nous faisons chaque début d’année judiciaire, c’était la dernière fois que j’y
participais. Et j’ai ressenti une mélancolie, une morosité qui m’ont fait
partir avant la fin, laissant mes camarades finir ce travail fastidieux mais
plaisant car l’entente y est bonne.
L’année 2022 sera donc ma dernière année Prud’homale.
J’ai beaucoup aimé cette activité que j’aurais exercé 14 ans.
Elle m’a ouvert sur autre chose que le travail, le
militantisme dans le travail. Elle m’a fait toucher du doigt ce que vivaient
les salariés de certaines professions, elle m’a éclairée sur la différence
qu’il peut y avoir entre les patrons. Tous ne sont pas à blâmer, mais ceux qui
sont assignés aux Prud’hommes ont souvent franchi la ligne rouge. Mais j’ai
aussi vu que tous les salariés n’étaient pas exemplaires.
J’ai aimé écouter les plaidoiries. Certains avocats sont très
forts, certains manient la mauvaise foi avec habileté, certains utilisent des
arguments totalement déplacés, n’ayant rien à voir avec le litige en cause.
Mais espèrent ainsi faire pencher les juges que nous sommes dans leur sens.
J’ai quelquefois baillé discrètement, tous les avocats ne sont
pas passionnants, certains se répètent beaucoup.
J’ai aimé délibérer, dans le secret d’une salle où nous nous
retrouvons à 4, 2 conseillers employeurs, 2 conseillers salariés. Aucun
délibéré ne ressemble à un autre, il y a tellement de personnalités
différentes. Certains se passent très bien, en bonne entente, le Code du
Travail étant le principal artisan de la situation et de la décision. D’autres
sont très animés… Dans les 2 collèges (employeurs et salariés), il y a les
conseillers qui défendent coute que coute la théorie selon laquelle le salarié,
ou le patron, a toujours raison. Et il y a ceux qui acceptent de reconnaître
des torts, d’un côté ou de l’autre. J’avoue avoir quelquefois l’impression,
quand le salarié gagne et que le patron est condamné, que les dommages et
intérêts sortent de la poche des conseillers employeurs. Cela peut donner lieu
à des « discussions de marchands de tapis » pour fixer un montant. Et
autant je peux entendre que condamner lourdement un petit patron peut mettre à
mal sa société, autant je ne peux pas comprendre les états d’âmes lorsqu’il
s’agit de sociétés du CAC 40.
Les organisations syndicales patronales ou salariées donnent
leurs indications à leurs conseillers adhérents. J’ai souvent l’impression que
les employeurs reçoivent des directives de leurs syndicats patronaux qu’ils se
doivent de respecter. Je me sens plus libre dans mes décisions quand je suis en
accord avec ma conscience, et je n’ai jamais pris une décision pour
« plaire » à mon organisation syndicale.
Comment va se passer cette dernière année ?
Quelques conseillers ont disparu du paysage et ne siègent
quasiment plus, se faisant remplacer.
Il restera donc plus de travail pour ceux qui siègent
toujours. J’en suis contente.
Et 2023 ? Ça sera sans cette activité qui me prend un
certain temps, un temps certain. Comment le vivrai-je ? On verra…
Ce sera un autre chapitre de ma retraite, que j’espère émaillée
de voyages. J’en ai déjà plusieurs en tête. J’en reparlerai.
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