Il y a quelques jours, avec Christine, mon amie depuis le
collège, nous sommes allées, toutes les deux, sans nos amoureux, voir Julien
Clerc au théâtre d’Avignon.
Lorsque nous avions 15/16 ans, Julien Clerc était ce que l’on
peut appeler notre idole, tant nous étions à l’affut de toutes ses apparitions
de toutes ses sorties de disques, et l’admirions sans borne.
Mes parents nous ont amenées le voir lors d’un concert en
plein air à Marignane, notre premier concert ! Nous étions sur un nuage…
Quand il a fait son apparition dans le paysage musical, en
1968, Julien Clerc ne ressemblait pas aux « chanteurs à minettes » de
l’époque. Ces chansons n’étaient pas des chansons « amour et miel »,
elles détonnaient. Et lui aussi détonnait, ses cheveux bouclés sans brushing apprêté,
ses tenues toujours étonnantes.
Son sourire avait un charme fou, et il avait l’air si sincère.
J’étais totalement sous le charme.
A 17 ans j’ai rencontré le futur père de mon fils. Il était bassiste
amateur, et totalement dans le rock anglais et américain. Mon admiration pour Julien
Clerc l’amusait, il ne la partageait pas du tout.
Chez mes parents, mon père l’appelait « la chèvre ».
C’est vrai, sa voix aussi était particulière.
Tout en m’initiant aux Doors, aux Pink Floyd, et autres
groupes de l’époque, j’ai été longtemps fan de « Juju ».
Ses paroles si particulières, écrites le plus souvent par
Etienne Roda-Gil, dont on ne comprenait pas forcément le sens, mais qui
intriguaient. Yann et les Dauphins, Poissons morts, Le patineur, Le caravanier,
Niagara, Zucayan et tellement d’autres. Accompagnées des musiques composées par
Julien.
Aujourd’hui encore, dès que j’en entends les premières notes
je m’aperçois que je les connais par cœur tellement j’ai écouté ses albums à
les user.
Et puis des merveilles comme « Ce n’est rien » ou « Le
cœur volcan », qui sont pour moi des joyaux de la chanson française au
même titre que celles interprétées par ceux que l’on appelle « les grands ».
Julien Clerc sortait des disques, pas assez souvent à mon
goût, mais toujours de qualité. Je me précipitais toujours pour les acheter.
Ses paroles sont devenues plus accessibles, avec Ma préférence,
Souffrir par toi n’est pas souffrir, Jaloux. Mais toujours aussi belle.
Son apparence est devenue plus rangée, ses cheveux coupés,
mais il me touchait toujours énormément.
J’avais passé l’âge d’avoir une idole, et puis Renaud, depuis
Laisse béton, était devenu pour moi le meilleur. Mais je ne ratais aucun des
concerts de Julien, avec Christine, avec Betty, nos amoureux respectifs n’étant
pas sensibles au charme de ses chansons.
Puis il y a eu un tournant pour moi avec La fille aux bas
nylon, Lili voulait aller danser, Cœur de rocker… Je lui en voulais d’être
tombé dans ce que j’appelais la facilité. Ça n’allait pas à l’interprète de « L’assassin
assassiné », sans doute sa chanson la plus forte.
Il y a eu le désamour pendant quelques années. Il pouvait
faire un concert à proximité, je n’y allais plus.
Mais Julien s’est rattrapé. Fais moi une place était un
changement. Et puis il y a eu l’album « Utile », et là je l’ai
retrouvé. La belle est arrivée, Les séparés, Le phare des vagabondes…
Les auteurs de ces chansons étaient nombreux, talentueux, il m’a
régalée à nouveau. Je suis retournée à ses concerts, avec mon Filou, avec
Christine.
Mais, si Julien sur scène était toujours aussi bon, aussi bien,
son public, essentiellement féminin, qui l’avait connu en même temps que moi et
qui avait vieilli comme moi, m’insupportait. Les cris des femmes d’âge mûr quand
il enlève sa veste, la frénésie des mêmes dès qu’il entonne « Femmes je
vous aime ». Le parallèle avec les fans de la Bruelmania de l’époque me
dérange.
J’ai raté quelques concerts pour cela.
Et puis quand Christine m’a proposé de l’accompagner à
Avignon, j’ai été touchée. Et nous y sommes allées. Nous l’avions vu pour la
première fois ensemble, près de 50 ans plus tard nous le revoyions ensemble. J’ai
aimé la complicité entre nous durant le concert, j’ai aimé le concert. Un
Julien Clerc simple. Des chansons nouvelles et des anciennes. Un très beau
moment.
Oui il a marqué ma vie !
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