J’ai connu Lucienne fin 2019.
Son fils Michel était conseiller Prud’hommes, je crois que
l’on s’appréciait, et, au cours d’un délibéré j’ai évoqué mon activité d’écrivaine
publique.
Michel a quitté le Conseil de Prud’hommes quelques années
avant moi, mais avait enregistré cette information dans un coin de sa tête.
Il m’a appelée un jour pour savoir si je voulais bien écrire
l’histoire de sa maman, Lucienne.
J’ai accepté bien volontiers et je suis allée à la rencontre
de Lucienne. Elle avait à l’époque 86 ans. L’ouïe déficiente et une saleté de
DMLA qui affectait beaucoup sa vue, mais un sourire rayonnant et une
hospitalité qui m’a fait chaud au cœur.
Le courant est passé immédiatement entre nous.
Et depuis ce jour là je suis rentrée dans la famille de
Lucienne en venant la voir régulièrement, armée de mon magnéto, de mon carnet
et de mon stylo. Et j’ai écouté, noté, ses souvenirs dont je ne parle pas ici
puisqu’ils seront bientôt dans un livre.
J’ai fait la connaissance de quelques-uns de ses
proches : ses trois enfants, sa jeune sœur, dernière d’une fratrie de 5
dont les ainés ne sont plus de ce monde, et les petits enfants qui passaient souvent
embrasser leur mamie.
Mon visage est devenu familier aux proches, et ma présence
normale. Tout le monde me faisait la bise. Je me sentais bien chez Lucienne.
Le confinement nous a brutalement éloignées. Son audition ne
nous permettait pas de communiquer à distance.
Quand nous avons enfin été « relâchés », je suis
retournée chez Lucienne avec un masque. Elle m’a dit : « enlève ce
masque et vient m’embrasser ».
Des souvenirs, j’en ai recueilli beaucoup, des confidences
aussi, et dans ces moments-là Lucienne s’inquiétait de savoir si le magnéto
était en route.
Nous avons feuilleté beaucoup d’albums photos et j’en ai
récupéré pas mal. Nous sommes allées là où elle a vécu enfant, puis
adolescente.
J’essaie de remettre tout ce que j’ai noté, entendu, dans
l’ordre.
Il y a quelques semaines, son fils Michel m’a dit que Philippe
et moi étions invités à la fête organisée pour ses 90 ans.
J’en ai été profondément touchée.
Plus de 80 personnes étaient annoncées. Philippe appréhendait
un peu, ne connaissant personnes. Moi je savais que cela serait forcément
sympathique d’après la petite partie de famille que je connaissais.
Et hier, donc, nous nous sommes rendus à l’anniversaire de
Lucienne. C’était organisé dans un ancien hangar attenant à la maison où ses
parents avaient vécu juste après son mariage.
L’endroit était superbe, bien caché au bout d’un chemin
cahoteux. Le temps était avec nous, un soleil doux.
Nous avons facilement lié connaissance avec les proches de
Lucienne, certains que je connaissais de nom car elle me les avait évoqués. Des
gens simples, comme elle.
Quatre générations, des belles-sœurs de Lucienne qui ont à peu
près son âge, la génération de ses enfants et de leurs cousins, la génération
de ses petits-enfants, certains venus de loin, notamment de la Réunion, et ses
arrières petits-enfants.
Séances photos au soleil, mon amoureux s’est fait un plaisir
de se servir de son inséparable appareil.
Apéritif animé. Puis repas sous forme de buffet très copieux.
Nous avons eu l’honneur d’être à la table de Lucienne.
Lucienne n’entendait que peu car il y avait beaucoup de bruit, mais son regard
était heureux.
Le gâteau, le champagne, un petit mot du fils ainé, Lucienne
très émue. Elle s’est levée pour remercier tout le monde et dire à ses enfants et
à ses proches combien elle les aimait.
J’étais profondément remuée, et heureuse d’être là.
Nous nous sommes éclipsés vers 17h. Les plus jeunes
projetaient de mettre de la musique. Je pense que la journée s’est prolongée jusqu’à
tard. Je pense que Lucienne devait être bien fatiguée, mais aussi remplie de
joie.
Ça a été une superbe journée.
J’ai pensé à ma famille, toute petite.
Et de voir cette famille-là, ou l’affection, la complicité
sont si présentes m’a fait chaud au cœur.
Lucienne restera dans ma vie même quand le livre sera terminé.
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