2 mars 2025

Pour maman

 

Maman, je savais que ce jour était proche. Il est arrivé. Ce jour où tu vas rejoindre le beau militaire catalan qui t’a séduite au bal de Barcelonnette il y a pas mal d’années.

Tu as passé ta jeunesse dans ce beau hameau de Costeplane que tu aimais tant, même si la vie n’y était pas tous les jours facile. Tu y as été entourée d’amour. Il y avait beaucoup d’amour dans la famille Fabre.

Et puis tu l’as épousé, ce beau militaire qui ne l’était plus, et c’est grâce à vous que je suis là, que Joan est là.

Vous avez vécu 54 ans ensemble, sans pouvoir vous passer l’un de l’autre bien longtemps. Puis tu as appris la vie sans papa.

Moi je me souviens d’une maman juste, aimante, toujours à l’écoute. Une maman qui détectait tout de suite les mensonges que je pouvais dire, et il suffisait que tu me fasses les gros yeux pour que je me tienne tranquille.

Une maman à qui, adolescente, j’ai pu confier mes premiers amours et qui m’a toujours comprise. Qui me défendait auprès de papa qui voyait sa fille unique lui échapper.

Nous avons toujours été proches mais tu m’as laissé ma liberté d’adulte sans me juger même si j’avais du mal à rester en place. Je savais que tu pouvais tout entendre, et je te remercie pour l’ouverture d’esprit dont tu as toujours fait preuve.

Tu m’as appris la générosité, car généreuse tu l’étais profondément.

Je me souviens de ta joie quand je t’ai dit que tu allais être grand-mère, et je me souviens de ta présence à mes côtés pendant les premiers jours de la vie de Joan.

Vous étiez des grands parents formidables, Joan était toujours heureux de partir avec vous dans tes Alpes ou dans nos Pyrénées catalanes.

En 1997, vous avez été là quand le papa de Joan est parti, bien trop tôt. Vous étiez toujours là, pour lui, pour moi.

Ma tête est remplie de souvenirs heureux.

Quand je venais travailler à Salon et que tu te faisais une joie de me préparer un bon déjeuner.

Quand toutes les deux nous faisions les boutiques dans Marseille puis dans Salon.

Quand tu as pris l’avion à mes côtés pour la première fois de ta vie, et que nous avons passé une semaine en Turquie. Je te revois dans le magnifique décor de Pamukkale, tu étais émerveillée comme moi. Et dans les marchés turcs, tu étais comme une enfant qui découvre des choses que tu n’avais pas l’habitude de voir.

Tu étais heureuse dans ton jardin de Pélissanne, où tu n’as jamais voulu que papa mette l’arrosage automatique car tu aimais arroser toi-même tes tomates, tes fleurs.

Et puis cette maison de Pélissanne est devenue trop grande pour toi, avec un étage dangereux. L’âge te rendait moins sûre de toi.

Tu as accepté, pour nous rassurer, d’intégrer une résidence sénior à Aix où tu étais plus en sécurité.

Je me suis occupée de plus en plus de toi, et c’était bien normal. Par moment tu étais un peu perdue. Le monde avançait plus vite que toi.

Puis, la dernière étape, car ta tête avait des absences fréquentes : le Domaine des Oliviers où tu as vécu ta dernière année.

Tu y as été entourée d’un personnel soignant que je ne saurais jamais assez remercier.

Tu disais souvent qu’il était temps de rejoindre papa, et voilà que tu vas le retrouver.

Maman, je t’aime, mes parents je vous aime, vous serez toujours dans ma vie et dans mon cœur.

 

 

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