Maman, je
savais que ce jour était proche. Il est arrivé. Ce jour où tu vas rejoindre le
beau militaire catalan qui t’a séduite au bal de Barcelonnette il y a pas mal
d’années.
Tu as
passé ta jeunesse dans ce beau hameau de Costeplane que tu aimais tant, même si
la vie n’y était pas tous les jours facile. Tu y as été entourée d’amour. Il y
avait beaucoup d’amour dans la famille Fabre.
Et puis
tu l’as épousé, ce beau militaire qui ne l’était plus, et c’est grâce à vous
que je suis là, que Joan est là.
Vous avez
vécu 54 ans ensemble, sans pouvoir vous passer l’un de l’autre bien longtemps.
Puis tu as appris la vie sans papa.
Moi je me
souviens d’une maman juste, aimante, toujours à l’écoute. Une maman qui
détectait tout de suite les mensonges que je pouvais dire, et il suffisait que
tu me fasses les gros yeux pour que je me tienne tranquille.
Une maman
à qui, adolescente, j’ai pu confier mes premiers amours et qui m’a toujours
comprise. Qui me défendait auprès de papa qui voyait sa fille unique lui
échapper.
Nous
avons toujours été proches mais tu m’as laissé ma liberté d’adulte sans me
juger même si j’avais du mal à rester en place. Je savais que tu pouvais tout
entendre, et je te remercie pour l’ouverture d’esprit dont tu as toujours fait
preuve.
Tu m’as
appris la générosité, car généreuse tu l’étais profondément.
Je me
souviens de ta joie quand je t’ai dit que tu allais être grand-mère, et je me
souviens de ta présence à mes côtés pendant les premiers jours de la vie de
Joan.
Vous
étiez des grands parents formidables, Joan était toujours heureux de partir
avec vous dans tes Alpes ou dans nos Pyrénées catalanes.
En 1997,
vous avez été là quand le papa de Joan est parti, bien trop tôt. Vous étiez
toujours là, pour lui, pour moi.
Ma tête
est remplie de souvenirs heureux.
Quand je
venais travailler à Salon et que tu te faisais une joie de me préparer un bon
déjeuner.
Quand
toutes les deux nous faisions les boutiques dans Marseille puis dans Salon.
Quand tu
as pris l’avion à mes côtés pour la première fois de ta vie, et que nous avons
passé une semaine en Turquie. Je te revois dans le magnifique décor de
Pamukkale, tu étais émerveillée comme moi. Et dans les marchés turcs, tu étais
comme une enfant qui découvre des choses que tu n’avais pas l’habitude de voir.
Tu étais
heureuse dans ton jardin de Pélissanne, où tu n’as jamais voulu que papa mette
l’arrosage automatique car tu aimais arroser toi-même tes tomates, tes fleurs.
Et puis
cette maison de Pélissanne est devenue trop grande pour toi, avec un étage
dangereux. L’âge te rendait moins sûre de toi.
Tu as
accepté, pour nous rassurer, d’intégrer une résidence sénior à Aix où tu étais
plus en sécurité.
Je me
suis occupée de plus en plus de toi, et c’était bien normal. Par moment tu
étais un peu perdue. Le monde avançait plus vite que toi.
Puis, la
dernière étape, car ta tête avait des absences fréquentes : le Domaine des
Oliviers où tu as vécu ta dernière année.
Tu y as
été entourée d’un personnel soignant que je ne saurais jamais assez remercier.
Tu disais
souvent qu’il était temps de rejoindre papa, et voilà que tu vas le retrouver.
Maman, je
t’aime, mes parents je vous aime, vous serez toujours dans ma vie et dans mon
cœur.
que d'amour dans cette lettre
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