Comme tous
les ans à peu près à la même époque, nous sommes dans les préparatifs du « long
voyage » de l’année.
Depuis
quelques années ils sont moins lointains car je n’étais pas assez sereine pour partir
loin, l’état de santé de maman me faisait toujours craindre l’obligation d’un
retour rapide. En fait, l’Europe était notre frontière. Bon, d’accord, le
Labrador n’est pas en Europe, mais ce voyage là il fallait l’attraper au vol.
Depuis
quelques années, lors des semaines précédant le départ, c’était « l’organisation
de mon absence » pour maman.
L’an dernier
c’était moins compliqué. Etant en maison de retraite, je savais qu’il y avait
toujours du personnel médical autour d’elle, et qu’ils pouvaient prendre en
charge les soins d’urgences et leur suivi. Je demandais simplement à une
association (Petit fils) de venir voir maman plus souvent que le reste de l’année.
J’ai le
souvenir de la mise en place de l’assistance, en faisant appel à des personnes
de confiance qui pouvaient prendre des rendez-vous, l’accompagner, bref,
pourvoir à tout ce que je faisais le reste du temps. Avec préparation de
feuilles de renseignements pour toutes les personnes susceptibles d’intervenir
auprès de maman.
Et malgré
tout cela, je ne me souviens plus de la dernière fois où je suis partie en
toute sérénité. Et pourtant j’avais une mère compréhensive qui acceptait, avant
de loger en résidence sénior, de passer un mois en maison de retraite pendant
notre absence.
Cette fois,
la destination nous l’avons choisie assez proche, maman était encore de ce
monde.
Depuis maman
est partie. Je pars triste mais sereine.
Bon, pour
que ce ne soit pas trop facile quand même, je développe une belle otite à moins
d’une semaine du départ. Ça doit être pour compenser… Mais, malgré le jour
férié, j’ai trouvé le médecin miracle qui m’a donné de quoi la soigner.
Donc, cette
fois, pas d’organisation à mettre en place.
Comme chaque
fois, je donne à mon fils le déroulé de nos étapes. Les infos sont quelquefois
alarmantes sur ce qu’il peut se passer dans tel ou tel endroit, et je veux lui
éviter tout souci inutile.
Et, bien
sûr, demander aux amis simianais de venir nourrir nos chats ! Chats qui
trouvent que l’on part un peu trop souvent !
Et, sans
doute parce que j’ai l’esprit plus léger, je ne réalise pas que la semaine
prochaine nous serons en train d’arpenter les quartiers, les ruelles de
Lisbonne, de l’admirer en circulant dans le fameux 28, de boire notre café
accompagné d’un pasteis. Et puis de prendre notre voiture de location pour aller
vers l’Algarve, vers Séville, vers Salamanque, vers Porto, vers Coimbra, en prenant
le temps de revoir tout ce que l’on avait entrevu trop rapidement il y a plus
de dix ans, en comptant sur une douce température favorisant les balades et les
découvertes.
Et je me dis
que cette année encore, malgré l’âge qui avance, nous avons cette curiosité de
la découverte. Que cette curiosité, et la forme qui va avec, nous l’aurons encore
pour de nombreuses années. Il y a tant d’endroits que nous n’avons pas encore
vus, tant d’endroits que nous avons vus et où l’on rêve de retourner (Istanbul
la belle, tu nous manques).
Et ces voyages,
j’ai la chance de les faire avec l’homme que j’aime et qui avance au même
rythme que moi. Qui ne fait pas la course aux musées, qui apprécie les moments
de flâneries dans des quartiers sympathiques, qui ne fixe pas de timing
inflexible, qui est prêt à changer le plan de la journée si on est vraiment
bien quelque part.
Sur ce, ma
valise, qu’une fois de plus je me promets de faire la plus légère possible, ne
va pas se faire seule, et je vais donc la préparer tranquillement.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire